Giuseppe Conte, le 1er mars 2018. / Alessandra Tarantino / AP

Onze semaines après les élections législatives du 4 mars, Luigi Di Maio et Matteo Salvini, les chefs de file respectifs du Mouvement 5 étoiles (M5S) et de la Ligue, ont proposé au président de la République, Sergio Mattarella, le nom de Giuseppe Conte pour diriger le gouvernement italien, lundi 21 mai.

« Je suis très content et fier, Giuseppe Conte sera à la tête d’un gouvernement politique constitué par deux forces politiques », a annoncé Luigi Di Maio après avoir été reçu au palais du Quirinal par le président Sergio Mattarella. Le chef de l’Etat a ensuite reçu Matteo Salvini, dirigeant de la Ligue d’extrême droite, qui a conclu un « contrat de gouvernement » avec le M5S trois jours plus tôt.

« A ceux qui disent qu’il n’a pas été élu, je réponds que Giuseppe Conte faisait partie de mon équipe, 11 millions d’Italiens ont voté pour lui », a écrit M. Di Maio sur le blog de son mouvement.

C’est au président Mattarella qu’il revient maintenant d’approuver ou non le nom qui lui est proposé. La Constitution italienne est claire : c’est le président de la République qui a seul le pouvoir de désigner le prochain chef du gouvernement puis, sur proposition de ce dernier, de nommer ses ministres.

Luigi Di Maio comme Matteo Salvini étaient candidats pour diriger ce premier gouvernement antisystème d’un pays fondateur de l’Union européenne. Mais une féroce lutte d’ego et des scores individuels insuffisants aux législatives les ont forcés à choisir une tierce personne.

Juriste peu connu du grand public

Né en 1964 à Volturara Appula, une commune de 500 habitants des Pouilles, dans le sud du pays, Giuseppe Conte a fait de brillantes études de droit à Rome.

Avant les élections législatives du 4 mars, le M5S l’avait présenté comme possible ministre chargé de « débureaucratiser » l’administration publique. Le public avait alors brièvement découvert cet homme assez grand, arborant un élégant costume et une mèche rebelle brune, qui ne s’est ensuite plus montré pendant les tractations gouvernementales.

Son CV publié sur le site Internet du M5S court sur douze pages et mentionne des séjours d’études et de recherches dans les universités les plus prestigieuses du monde entier. Il a enseigné dans des universités en Sardaigne, à Rome, à Florence ou à Malte et il donne actuellement des cours de droit privé à Florence et à la prestigieuse Université libre internationale d’études sociales (Luiss) de Rome. Il a aussi un cabinet d’avocats à Rome.

Il a été membre du conseil d’administration de l’Agence spatiale italienne, consultant juridique de la chambre de commerce de Rome, ou encore membre du comité de surveillance de plusieurs sociétés d’assurances en faillite.

Un programme commun

La Ligue et le M5S ont dévoilé vendredi un « contrat de gouvernement » qui tourne le dos à l’austérité et aux « diktats » de Bruxelles et promet la plus grande fermeté contre la corruption, contre toutes les formes de délinquance et contre l’immigration.

Dimanche, une large majorité de sympathisants de la Ligue (91 %) a apporté son soutien à ce texte. Le M5S, arrivé en tête des élections législatives du 4 mars, avait organisé vendredi une consultation similaire sur Internet, et a également obtenu un très large soutien.

Le document prévoit notamment une réduction des prélèvements fiscaux de plusieurs milliards d’euros, une augmentation des dépenses publiques en faveur des défavorisés et l’abandon d’une réforme impopulaire des retraites.

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