La disparition de Naomi Musenga, morte fin décembre 2017 après un appel au SAMU de Strasbourg pris à la légère, ne serait pas un cas isolé. « Aujourd’hui, j’ai connaissance d’une dizaine d’affaires, mais je pense que c’est encore sous-estimé », a annoncé la ministre de la santé, Agnès Buzyn, sur France Inter jeudi 24 mai. La mort de Mme Musenga « a permis de révéler des dysfonctionnements », a-t-elle admis :

« Aujourd’hui me remontent des agences régionales de santé des signalements beaucoup plus fréquents qu’avant. Il y a eu une prise de conscience, je pense, dans les services des SAMU de la nécessité de faire remonter les dysfonctionnements, ce qui n’était pas le cas avant. »

La ministre a demandé aux médecins urgentistes qu’ils « mettent en place un contrôle qualité car ces affaires ne peuvent pas rester dans un tiroir, méconnues ». « Il faut que les familles soient prévenues, informées, que les hôpitaux prennent leurs responsabilités », a-t-elle insisté.

Réflexion sur les numéros d’urgence

« Avant que cet accident grave survienne, nous avions déjà lancé une réflexion avec Gérard Collomb [le ministre de l’intérieur] sur l’articulation des numéros d’urgence entre eux, entre les pompiers et le SAMU », a-t-elle rappelé. Une mission doit rendre en juin un rapport, « qui compare les différents systèmes européens avec des numéros uniques ou des numéros différents ».

Un seul numéro est certes « plus simple à mémoriser mais il y a un désavantage », car « vous avez à ce moment-là plusieurs étapes pour joindre le médecin », ce qui fait « perdre de l’information et du temps », a-t-elle relevé. « Il va falloir articuler » cette réflexion sur les numéros « de grande urgence » avec « celle sur la régulation des soins non programmés », a ajouté Mme Buzyn.

Par ailleurs, cela pose la question de l’organisation des « soins de ville pour que les Français qui ont besoin de réponses concrètes à des problèmes qui ne sont pas vitaux puissent quand même trouver la réponse en ville sans aller aux urgences », a dit la ministre.

Quant aux soins non programmés, en dehors des urgences et des médecins traitants, « il y a d’autres médecins, des maisons de santé, éventuellement des centres de santé, d’autres professionnels qui peuvent prendre en charge, par exemple des pharmaciens, sur certains conseils », a-t-elle expliqué.

Plusieurs plaintes en cours contre des SAMU

Dans le sillage de la mort de Naomi Musenga, d’autres procédures ont été ouvertes pour étudier la responsabilité des SAMU dans certains cas litigieux. Le parquet de Saint-Etienne a ouvert la semaine dernière une enquête pour « non-assistance à personne en danger et homicide involontaire », à la suite du décès, en mars, d’une femme de 38 ans, enceinte, qui avait appelé le SAMU neuf jours auparavant.

Une enquête préliminaire a également été ouverte à Cahors après la plainte d’une famille qui reproche au SAMU une intervention trop tardive auprès d’un septuagénaire morte au début d’avril.

Par ailleurs, les parents d’un adolescent de 13 ans, mort à la fin de 2014 à Tours des suites d’une tumeur cérébrale, ont médiatisé à nouveau leur plainte. Visant trois hôpitaux, un médecin généraliste et le SAMU du Loir-et-Cher, le dépôt avait déjà conduit le procureur de Blois à ouvrir une enquête préliminaire en novembre.

De leur côté, les parents de Naomi Musenga ont regretté mercredi soir, à l’issue d’une rencontre de deux heures avec le directeur général des hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS), de n’avoir toujours aucune réponse sur les circonstances de la mort de la jeune femme de 22 ans. Cet entretien était prévu depuis le début de mai pour faire le point sur l’enquête administrative ouverte par l’hôpital sur les circonstances de sa mort.