Au salon VivaTech, Mark Zuckerberg « est la Madonna de l’Internet »
Au salon VivaTech, Mark Zuckerberg « est la Madonna de l’Internet »
Par Morgane Tual
Après avoir affronté mardi les questions acides des eurodéputés, le PDG de Facebook a clos sa visite en Europe sous les applaudissements des visiteurs.
Mark Zuckerberg a été accueilli par des applaudissements et quelques cris d’excitation à son arrivée sur la grande scène de VivaTech. / GERARD JULIEN / AFP
Mark Zuckerberg avait été accueilli plus que fraîchement par les députés européens, mardi 22 mai à Bruxelles. La conclusion de son passage en Europe aura été bien plus chaleureuse : au salon VivaTech, qui ouvrait jeudi 24 mai à la porte de Versailles à Paris, le patron de Facebook a été accueilli en rock star.
« Zuckerberg, c’est la Madonna de l’Internet ! » estime ainsi Pierre-Alain Laval, 44 ans, free-lance en informatique, serré contre les centaines de personnes qui, comme lui, patientent, sueur au front, devant la « Stage One ». C’est dans cette grande salle que le PDG doit prendre la parole, une bonne heure plus tard – une intervention rarissime en France, que personne ici ne veut manquer.
« Vous voulez voir la superstar »
Dans ce grand salon consacré aux entreprises tech, des petites start-up aux géants du numériques, le fondateur de Facebook est en terrain conquis. « Zuckerberg, c’est un personnage emblématique de l’Internet », explique Pierre-Alain Laval. Avant de poursuivre :
« Il a été le précurseur du Web social, d’une véritable révolution. Voir Mark Zuckerberg, c’est comme quand vous allez dans un festival de musique : vous voulez voir la superstar. »
A quelques épaules de là, Antoine Aubin, étudiant en marketing digital, prend également son mal en patience : « Je viens par curiosité. Je l’admire au niveau professionnel, il est parti de l’université et il a créé un réseau social que tout le monde utilise ! Même s’il est dans la descente, je viens le voir pour sa personnalité. Le voir en vrai, ça ne se reproduira pas. »
La « descente » en question s’est accélérée ce printemps, avec des révélations sur la façon dont Cambridge Analytica, une entreprise spécialisée dans l’analyse politique et proche de Donald Trump, avait indirectement siphonné les données de 87 millions d’utilisateurs de Facebook. Depuis, Mark Zuckerberg passe des semaines difficiles, avec comme point d’orgue deux auditions de cinq heures chacune face au Congrès américain le mois dernier et une rencontre salée avec des eurodéputés mardi.
A Viva Tech, les visiteurs tendent à prendre sa défense. « C’est un domaine très nouveau, il faut des gens comme lui qui prennent des risques », estime Pierre-Alain Laval. « Et puis il y a des garde-fous, il va y avoir des régulations. C’est aussi grâce à ça que la protection des données progresse. » Samir Benfares, cofondateur de la start-up A2JOB, concède quant à lui que Mark Zuckerberg « est un peu maladroit dans sa com ». Si ce trentenaire est venu aujourd’hui, c’est qu’il espère avoir la chance de pouvoir échanger quelques mots avec le PDG.
Mouvement dans la foule. Un panneau se lève, du côté de l’entrée, sous les grandes lettres de néon multicolores indiquant la salle : celle-ci est pleine. Des membres du staff en t-shirt orange supplient les visiteurs de circuler, « pour des raisons de sécurité ». « Je suis carrément déçue, on a attendu pour rien », déplore Salima Malissa, 35 ans, qui a repris des études de manager en e-commerce et marketing. Comme elle, des centaines de personnes restent bloquées à l’entrée.
Un discours bien rôdé
Mark Zuckerberg a déroulé un discours bien rodé. / CHARLES PLATIAU / REUTERS
A l’intérieur, Mark Zuckerberg est accueilli par des applaudissements et quelques cris d’excitation. Sur cette grande scène lumineuse, il s’installe auprès de Maurice Levy, le président du conseil de surveillance de Publicis – on est bien loin des interlocuteurs coriaces que le patron avait dû affronter ces derniers temps. Mark Zuckerberg a troqué le costume sobre qu’il avait arboré face aux eurodéputés pour une tenue plus proche de ses habitudes : jean noir et t-shirt à manches longues bleu. C’est que la conversation se veut « informelle » cette fois, glisse-t-on dans son entourage. Les questions ne piquent pas. Les réponses ressemblent à toutes celles qu’il a déjà données.
Mark Zuckerberg déroule, détendu et plutôt souriant, son discours : comment Facebook supprime en masse les faux comptes, comment il s’est conformé au RGPD, le nouveau règlement européen sur les données personnelles qui entre en vigueur vendredi 25 mai, comment la France est un « formidable » vivier de talents, où il investit dans le domaine de l’intelligence artificielle.
Dans la salle, le public s’est assagi, semble parfois se concentrer davantage sur les photos à prendre et transmettre que sur les propos déjà bien connus du PDG. Les applaudissements sont épars, les rires rares. Quand Mark Zuckerberg prononce le dernier mot, l’audience l’applaudit et se lève – sans que l’on sache exactement s’il s’agit d’une standing ovation ou d’une dernière tentative de selfie.
Ceux qui voulaient lui parler ont été déçus : il s’enfuit avec un dispositif de chef d’Etat, disparaissant en quelques secondes dans une voiture toute proche. Qu’importe, pour Anaïs Mokdad, 22 ans et étudiante à Polytech Paris Sud : « Le voir en vrai, ça m’a rapprochée de lui. »