En Slovénie, la droite populiste favorite des législatives
En Slovénie, la droite populiste favorite des législatives
Le Monde.fr avec AFP
Quelque 1,7 million de Slovènes sont appelés à voter dimanche pour renouveler les 90 députés de l’Assemblée nationale. L’ancien premier ministre conservateur Janez Jansa est donné favori du scrutin et pourrait revenir au pouvoir.
Un panneau électoral à Ljubljana, le 31 mai 2018. / BORUT ZIVULOVIC / REUTERS
Les Slovènes ont commencé à voter, dimanche 3 juin, pour un scrutin à la proportionnelle qui se tient après quatre ans de gouvernement de centre gauche, et où l’ancien premier ministre conservateur Janez Jansa espère signer son retour au pouvoir après avoir fait campagne sur l’« invasion migratoire » que subirait ce petit pays situé sur l’ancienne « route des Balkans ». Les bureaux de vote, qui sont ouverts depuis 7 heures, fermeront à 19 heures.
Battu en 2014, après avoir fait campagne depuis la prison où il purgeait une peine pour corruption, M. Jansa, 59 ans, est cette fois-ci crédité d’une nette avance par les sondages, avec 25,1 % d’intentions de vote, selon l’institut Ninamedia. Il distance très largement le premier ministre sortant de centre gauche, Miro Cerar, usé par quatre années de pouvoir malgré une croissance économique record, dont le parti du centre moderne (SMC) plafonne à 9,3 %.
Premier ministre de 2004 à 2008, M. Jansa avait obtenu un second mandat en 2012 avec son Parti démocratique slovène (SDS), mais avait dû démissionner au bout d’un an, miné par l’affaire qui a mené à sa condamnation en 2014.
Le dirigeant conservateur, qui a obtenu l’annulation du jugement la même année, a construit son retour au premier plan en empruntant des accents xénophobes à son allié Viktor Orban. Le premier ministre national-conservateur hongrois lui a d’ailleurs apporté un soutien appuyé durant sa campagne, allant jusqu’à le qualifier de « garant de la survie du peuple slovène ».
Omniprésent sur la scène politique nationale depuis l’indépendance en 1991 de cette ex-république yougoslave, entrée dans l’Union européenne en 2004, M. Jansa, un ancien dissident à la personnalité jugée clivante, s’expose à devoir mener de délicates négociations pour rassembler une majorité de gouvernement.
Janez Jansa (à gauche), Marjan Sarec (au centre) et Miro Cerar (à droite) posent ensemble avant le débat télévisé du 28 mai 2018. / JURE MAKOVEC / AFP
Dans ce contexte, l’indépendant Marjan Sarec, un ancien comédien devenu maire d’une petite ville de province, apparaît en position de possible faiseur de roi, avec 11,9 % d’intentions de vote. Malgré le recul de M. Cerar, le bloc constitué par l’actuelle majorité de centre gauche continue de peser près de 29 %, les sociaux-démocrates étant crédités de 12,4 % et le parti des retraités de 7,1 %.
Les entreprises de sondages ont souligné que le grand nombre d’électeurs indécis ouvrait la voie à de possibles surprises le soir du scrutin.
Une campagne dominée par le thème de l’immigration
Pour la première fois depuis dix ans, les élections slovènes se déroulent dans un contexte de croissance économique soutenue et de chômage bas, dans ce pays frappé de plein fouet par la crise économique de 2008, et qui avait échappé de peu à une mise sous tutelle internationale en 2013.
La campagne s’est néanmoins déroulée dans un contexte de contestation sociale et de revendications de hausses des salaires et des retraites au terme de dix années d’austérité. Une réforme du système de santé, jugé inefficace et coûteux, et l’amélioration du climat des affaires ont également été réclamées, un mécontentement qui a pesé dans la décision de M. Cerar en mars d’écourter légèrement son mandat.
Janez Jansa, dirigeant du parti social démoceate (PSD), dépose son vote à Velenje, en compagnie de sa femme, Urska, le 3 juin 2018. / BORUT ZIVULOVIC / REUTERS
Mais M. Jansa a réussi durant sa campagne à faire de l’immigration un thème central, avec l’appui de médias financés par des fonds hongrois, a relevé le quotidien Dnevik. Près de 500 000 migrants ont transité par la Slovénie en 2015 et 2016 avant de poursuivre leur route vers l’ouest de l’Europe, une vague qui avait alors poussé le gouvernement de M. Cerar à ériger une clôture de 200 kilomètres à la frontière croate. Seul un millier de réfugiés et de demandeurs d’asile vivent dans le pays aujourd’hui, selon les chiffres officiels.