Du chlordécone retrouvé dans l’eau du robinet en Guadeloupe
Du chlordécone retrouvé dans l’eau du robinet en Guadeloupe
Par Faustine Vincent
Les habitants de la commune de Gourbeyre ont consommé de l’eau contaminée en avril et en mai. Le procureur de Basse-Terre, dans le sud de l’île, s’est saisi de l’affaire.
Des résidus de chlordécone, un pesticide extrêmement toxique, ont été retrouvés en avril dans de l’eau du robinet en Guadeloupe, selon la chaîne Guadeloupe la Première (France Télévisions) mardi 5 juin. Les habitants de la commune de Gourbeyre, dans le sud de l’île, ont consommé pendant plus d’un mois cette eau contaminée, en avril et en mai.
L’eau potable de la Guadeloupe est traitée depuis des années au charbon actif pour en ôter toute trace de chlordécone, puisque l’insecticide, utilisé massivement dans les bananeraies de 1972 à 1993, a contaminé l’environnement pour des siècles, y compris les captages d’eau de Basse-Terre, qui approvisionnent la majorité de l’île en eau potable.
Mais le filtre au charbon actif de la station de traitement approvisionnant la commune de Gourbeyre n’a pas été changé à temps. Les habitants ont ainsi consommé de l’eau contaminée jusqu’au 27 mai, date à laquelle le filtre a été changé.
La population prévenue tardivement
C’est l’ARS Guadeloupe (Agence régionale de santé) qui a lancé l’alerte le 16 avril auprès de la communauté d’agglomération Grand Sud Caraïbe. Elle a ensuite demandé « que tout soit mis en œuvre pour faire diminuer le taux de chlordécone », a expliqué à la chaîne Lucette Michaux-Chevry, présidente de la communauté d’agglomération.
La population n’a pas été informée tout de suite. La communauté d’agglomération a attendu le 2 mai avant d’envoyer un communiqué aux deux radios locales. Selon sa présidente, l’ARS n’aurait pas demandé d’interdire l’eau du robinet, sauf pour les populations à risque.
Le procureur de Basse-Terre s’est saisi de l’affaire. Il a envoyé une demande d’information à l’ARS afin d’en savoir davantage.
Les études menées jusqu’ici pour connaître les effets sanitaires du chlordécone sont édifiantes. Non seulement ce pesticide augmente le risque de prématurité, mais il a aussi des effets négatifs sur le développement cognitif et moteur des nourrissons. Il augmente également le risque de cancer de la prostate, dont le nombre en Guadeloupe est l’un des plus élevés au monde.