Un centre de recherche et développement de l’équipementier télécoms chinois ZTE, à Pékin, le 13 juin 2018. / Jason Lee / REUTERS

Gare à l’atterrissage : ZTE a chuté lors de son retour en Bourse, après deux mois de suspension, mercredi 14 juin, cédant 41 % à Hongkong. C’est le prix des sanctions américaines adoptées contre la firme chinoise. L’équipementier télécoms, qui employait 75 000 personnes dans le monde il y a deux mois, a perdu plus du tiers de sa valeur en Bourse, soit environ 4,8 milliards d’euros.

Et ce, malgré un accord avec les autorités américaines, à l’initiative du président Donald Trump, destiné à adoucir de précédentes sanctions qui semblaient condamner l’entreprise à la banqueroute. L’accord prévoit le versement d’une amende d’un milliard de dollars (environ 863 millions d’euros), le placement de 400 millions en garantie dans une banque américaine et une réorganisation de la direction de l’entreprise. Ces mesures remplacent l’interdiction qui avait été faite à toutes les entreprises américaines de vendre leur matériel à ZTE, qui dépend des composants américains pour ses smartphones et ses équipements de télécommunication. A la suite de cette interdiction, en avril, ZTE avait dû suspendre sa production dans plusieurs usines.

Mercredi soir, ZTE, pour Zhongxing Telecommunication Equipment, a annoncé ses premières mesures de mise en conformité avec les décisions américaines. Parmi elles, le remplacement de huit membres de son conseil d’administration sur les 14 visés par la justice américaine. Ils sont accusés d’avoir été impliqués dans les opérations de ZTE en Iran et en Corée du Nord, qui avaient conduit la justice américaine à sanctionner l’entreprise en 2016 pour non-respect des embargos américains. En mars 2017, ZTE avait accepté de sanctionner les cadres responsables des activités en Iran et en Corée du Nord. Au lieu de quoi, les cadres de ZTE ont pu conserver leurs postes et même recevoir leur bonus de fin d’année. D’où la sévérité des sanctions américaines mi-avril.

Détente

Depuis, le cas ZTE est devenu très politique. La première décision américaine, mi-avril, est intervenue en plein conflit commercial avec la Chine. L’administration américaine a annoncé à plusieurs reprises l’introduction de droits de douanes sur des milliards de dollars de produits chinois, suscitant des menaces chinoises de taxes sur les importations de produits américains pour les mêmes montants. Ces négociations ont bientôt pris des airs de feuilleton, avec des menaces toujours plus fortes (jusqu’à 150 milliards) suivi d’une désescalade des tensions, puis de nouvelles menaces. ZTE semble avoir bénéficié d’une période de détente, et de l’influence directe du président Xi Jinping. Dans un Tweet, le 13 mai, Donald Trump déclarait : « Le Président Xi, de Chine, et moi, travaillons ensemble pour trouver un moyen de remettre rapidement au travail l’énorme entreprise de téléphonie chinoise, ZTE. Trop d’emplois perdus en Chine. Le département du Commerce a reçu les instructions pour agir ».

ZTE devra cependant appliquer l’ensemble des mesures prévues par l’accord avant de pouvoir à nouveau importer des composants américains. Outre les 14 membres du conseil d’administration, ZTE devra remplacer tous les dirigeants de l’entreprise à partir du niveau de vice-président, ainsi que tous les cadres impliqués dans les activités de ZTE visées par la justice américaine. Selon l’agence de presse Reuters, ZTE devrait donc changer une quarantaine de cadres au total. L’entreprise devra aussi engager un coordinateur spécial chargé de la mise en conformité, nommé par les Etats-Unis. L’accord reste toutefois sous la menace du Sénat américain qui pourrait revenir sur la décision de Trump et annuler le « deal ». Pour se remettre en route, ZTE a annoncé solliciter l’équivalent de 9,2 milliards d’euros auprès de la Banque de Chine et de la Banque du développement de Chine.