Coupe du monde 2018 : La presse étrangère sévère après la victoire poussive des Bleus
Coupe du monde 2018 : La presse étrangère sévère après la victoire poussive des Bleus
Par Corentin Pennarguear (Courrier international)
Malgré son court succès face à l’Australie, samedi, la presse étrangère s’interroge sur le niveau de l’équipe de France et insiste sur l’utilisation décisive de l’arbitrage vidéo lors du match. Une revue de presse de Courrier international.
« Presque rien n’a fonctionné pour la France lors de son match d’entrée à Kazan », tranche la Süddeutsche Zeitung après la victoire des Bleus 2-1 face à l’Australie, samedi 16 juin. Avec son équipe jeune et talentueuse, la France « a démontré qu’elle était composée d’un groupe d’artistes appelés à tutoyer les sommets, mais qui ne veulent pas se frotter aux choses si basiques que sont l’engagement physique, le dévouement et la passion », juge le quotidien allemand. Le journal titre d’ailleurs son compte rendu de match : « Est-ce ainsi que joue un favori pour le titre de champion du monde ? »
« Une déconcentration générale »
La déception est également palpable de l’autre côté des Pyrénées, où El Mundo liste les nombreux manques de l’équipe de France :
« Pas assez d’intensité dans la récupération offensive. Pas assez de capacité de débordements, malgré les roulettes de Mbappé qui ne servaient à rien. Pas assez d’idées claires dans le jeu, puisqu’à force de permuter plus personne ne savait où il se trouvait. Et, plus que tout, il a manqué quelqu’un pour organiser le milieu de terrain. »
Le journal espagnol met aussi la faute sur Antoine Griezmann, qui en annonçant son intention de rester à l’Atlético de Madrid, malgré les rumeurs de transfert au FC Barcelone, deux jours avant le match aurait engendré « une déconcentration générale » de l’équipe de France.
« Les Français ont donné le sentiment qu’ils avaient davantage de joueurs que de jeu », ironise de son côté le quotidien espagnol El País, qui admet que les Bleus ont fait face à une équipe d’Australie « dure comme un roc », avec des Socceroos « arides et collants ».
« Le début de la campagne des Bleus en Russie est une petite histoire à elle seule,raconte le Corriere della Sera, en Italie : elle a commencé agréablement, s’est sacrément gâtée et a fini en beauté (si l’on ne regarde que le résultat) grâce à la chance.” L’œil sévère, le quotidien italien estime que le tournant du match s’est déroulé à l’issue “de la seule belle action de l’équipe de Deschamps”, quand Griezmann s’est fait faucher par le défenseur australien Josh Risdon, sans que l’arbitre ne siffle.
Le foot « changé à jamais »
C’est le recours à l’assistance vidéo qui a convaincu Andres Cunha d’accorder un penalty aux Bleus. « Qu’on le veuille ou non, le jeu est changé à jamais », avance El Mundo. Pour le quotidien espagnol, « la technologie a redéfini un sport dans lequel les arbitres peuvent désormais compter sur des anges gardiens pour leur éviter le ridicule et les moqueries. Kazan a été le terrain du premier match technologique de l’histoire de la Coupe du monde. »
Si l’arbitrage vidéo a déjà été testé dans de nombreux pays et compétitions de football, cela ne fait que cinq matchs, depuis Russie-Arabie Saoudite, qu’il pouvait être utilisé au Mondial. « C’était un match inédit en Coupe du monde », abonde The Guardian outre-Manche. « Le choc culturel entre des Français décevants et des Australiens robustes a abouti à un engagement total sur le terrain, mais tout s’est joué sur la technologie en dehors du terrain », pointe le quotidien de Londres. « La France franchit sa première étape, l’assistance vidéo aussi », ajoute The New York Times, qui évoque « une nouvelle ère pour un sport resté si longtemps rétif à tout changement ».
Car non seulement Antoine Griezmann a marqué sur le penalty accordé grâce à l’assistance vidéo, mais le but de Paul Pogba en fin de match a été confirmé par une autre aide technologique, la Goal Line Technology, qui permet de savoir si le ballon a franchi la ligne de but ou non. « Les opposants à la technologie ont le droit d’émettre des réserves, mais en temps réel, dans le stade de Kazan, force est de constater que les décisions ont été rapides, décisives et correctes », souligne The Guardian.
Pour la Frankfurter Allgemeine Zeitung en revanche, les Australiens, « sortis du terrain comme des boxeurs après un K.-O. technique, ont été battus par les possibilités techniques propres au XXIe siècle et peuvent émettre un doute quant à au moins une décision », celle de siffler penalty après l’action entre Griezmann et Risdon. Pour le quotidien de Francfort, cette décision a été prise « dans le sens du grand favori » de ce match, ce qui ne devrait pas lui donner des ailes pour ses prochaines rencontres. Ainsi, conclut le journal allemand, « ne restait après ce match qu’un vainqueur soulagé, après avoir tout fait de travers ».