TV – « Putain de nanas » de l’ovalie
TV – « Putain de nanas » de l’ovalie
Par Philippe-Jean Catinchi
Notre choix du soir. Une websérie nous fait partager le quotidien d’une des meilleures équipes féminines de rugby (sur francetv slash, à la demande).
A en croire Louis Aragon, la femme est l’avenir de l’homme. Et à suivre la chronique que Benjamin Montel et Antonin Boutinard Rouelle consacrent à l’équipe féminine du LMRCV (entendez Lille Métropole Rugby-Club villeneuvois), on serait tenté de penser que la femme est peut-être aussi celui du rugby. Pour peu qu’on ait le goût des valeurs fondamentales de ce sport collectif rugueux et exigeant, si malmenées depuis l’entrée des hommes dans le monde du professionnalisme.
En neuf épisodes, brefs et centrés chacun sur un aspect précis de l’engagement de ces jeunes femmes déterminées et attachantes, les réalisateurs livrent un heureux cocktail de paroles, témoignages et confidences, et de scènes de jeu. Composant une chanson de geste moderne à la gloire de singulières guerrières.
C’est du reste cet aspect de l’équipe qui a convaincu Damien Couvreur de les entraîner, lui qui parle de « coup de cœur » pour « l’agressivité naturelle » qu’elle proposait. De fait, à voir l’énergie engagée dans certains duels avec les équipes les plus redoutées du Top 8 – la poule de l’élite féminine, l’équivalent du Top 14 masculin –, on mesure que le combat n’a rien de folklorique. Et les Montpelliérainesrisquaient d’en faire les frais en phase finale. Il est vrai que le palmarès des filles du LMRCV est impressionnant. Vainqueur du championnat de France en 2016, mais aussi finaliste en 2013, 2015 et 2017, la section féminine impressionne par sa régularité et la force de son engagement.
« Putain de nanas », de Benjamin Montel et Antonin Boutinard Rouelle. / FRANCE TV
Toutefois, à voir les premiers volets de cette geste sur celles qui s’appellent, crânement, les « putain de nanas », ce n’est pas les lignes d’un quelconque palmarès qui frappent, mais la façon dont les joueuses refondent les règles du sport d’équipe. Elles ne gagnent rien financièrement, et mènent donc en parallèle une vie professionnelle exigeante et le rythme des entraînements comme des compétitions.
Leur profonde solidarité, l’ego personnel dissous dans la célébration du collectif, le rituel des avant-matchs où la remise des maillots est autant un gage électif qu’une promesse de fraternité – on oserait « sororité » –, tout rappelle le fond même de l’Ovalie. Avec, en plus, la touchante et discrète préoccupation des filles de rester féminines. Réjouissant.
Putain de nanas, de Benjamin Montel et Antonin Boutinard Rouelle (Fr., 2018, 9 × 6 min).