Le ministre Salvini dans une émission de la RAI, le 20 juin. / Angelo Carconi / AP

Pour répondre à la critique, Matteo Salvini choisit la menace. Après la publication dans Le Monde d’une tribune au vitriol de Roberto Saviano, le ministre de l’intérieur italien a laissé entendre jeudi 21 juin, sur la chaîne italienne RAI 3, qu’il pourrait lever la protection policière dont bénéficie l’écrivain.

Ce dernier vit en effet sous protection permanente depuis la publication en 2006 de Gomorra, son enquête sur la mafia napolitaine, la Camorra. Matteo Salvini, qui avait déjà évoqué plusieurs fois l’idée de lever ce dispositif, a expliqué lors de son interview télévisée dans l’émission « Agorà » qu’il reviendrait « aux institutions compétentes d’évaluer s’il court un quelconque risque », « parce qu’il me semble qu’il passe beaucoup de temps à l’étranger, donc il est juste d’évaluer la manière dont l’argent des Italiens est dépensé », a-t-il précisé.

« Roberto Saviano est le dernier de mes problèmes, je lui envoie un bisou s’il nous regarde. C’est quelqu’un qui m’évoque beaucoup de tendresse et d’affection », a-t-il ajouté, ironique.

« Menace inacceptable »

Cette menace du ministre de l’intérieur a suscité de nombreux commentaires, surtout à gauche. L’ancien ministre de l’intérieur Marco Minniti a notamment expliqué dans La Repubblica que « les escortes policières ne se décident ni ne se lèvent à la télévision », mais qu’elles sont décidées par un bureau spécial, sous la tutelle du département de la sécurité publique.

Ettore Rosato, président du groupe du Parti démocrate à la Chambre des députés, a estimé dans le même journal que les propos de Salvini représentent une « menace inacceptable » envers un homme qui a fait la lumière sur un dangereux réseau criminel.

Dans sa tribune, l’écrivain s’insurge contre la politique migratoire du ministre de l’intérieur. « Ce que je sais avec certitude, c’est que nous ne pouvons accorder de répit à ce gouvernement, qui procède à coups de déclarations, et que nous devons lui faire regretter le jour où, par égoïsme, intérêt et méchanceté, il a décidé – car, oui, il l’a décidé – que pour exister, il fallait devenir raciste. Voilà pourquoi, en ces heures comme jamais, il m’est impossible de me taire », écrit-il notamment.