On a testé… le drone Parrot Anafi
On a testé… le drone Parrot Anafi
Par Jean-Michel Normand
Un temps débordé par la concurrence chinoise, le français Parrot revient sur le devant de la scène avec un appareil de loisirs maniable et qui innove dans la capture d’images. Pari réussi ?
Le Parrot Anafi. / Parrot Brand Studio / Getty Images
Pour Parrot, on le sait, Anafi est un produit vital. La société française, qui n’est plus depuis longtemps une start-up (elle compte plus de 500 salariés), a abandonné ses objets connectés et ses casques audio pour tout miser sur les drones en général et sur celui-ci en particulier, désormais seul et unique appareil de loisirs du fabricant. Le premier constructeur européen se devait de proposer un quadricoptère à la hauteur de la concurrence, c’est-à-dire du chinois DJI, qui a mis la barre très haut avec les Mavic, Mavic Air et Spark.
Un drone rétréci
La légèreté (320 g) et l’extrême compacité une fois replié (24 cm en longueur, moins de 7 cm en hauteur et largeur) d’Anafi surprennent. Il tient facilement dans la trousse avec laquelle il est livré. Compte tenu de son poids plume, ce drone passe sous les radars de la loi française – il ne sera donc pas nécessaire de le déclarer ou de passer un test en ligne pour justifier de sa connaissance de la réglementation. On se surprend même à vérifier si la batterie est bien présente. Les quatre bras se déplient aisément (la longueur se réduit alors à 17,5 cm et la largeur passe à 24 cm) et les hélices sont composées de deux pales flottantes maintenues par des vis qui se stabiliseront avec la force centrifuge. Son allure très zoomorphe, avec ses bras proches de sa tête, le fait ressembler à un insecte, libellule ou abeille.
La radiocommande qui s’ouvre comme un coquillage constitue une autre nouveauté de Parrot, qui s’en remettait jusqu’alors à un Skycontroller plutôt encombrant. Elle est ergonomique quoiqu’un peu lourde (elle est plus lourde que le drone lui-même !) et ne tient pas dans la trousse. On y emboîte et raccorde son smartphone après avoir chargé la toute nouvelle application, dénommée FreeFlight6. Surprise, aucun chargeur n’est fourni. Ce n’est pas nécessaire : la batterie se charge (bien trop lentement…) avec une prise USB-C. On peut donc aussi recourir à une batterie mobile.
Imperturbable dans les airs
Une fois Anafi (patronyme inspiré par une île grecque des Cyclades) sous tension, la radiocommande allumée, l’application chargée et le Wi-Fi connecté, on appuie sur le bouton décollage. On peut utiliser la paume de sa main comme point d’envol. Le drone s’élève pour se stabiliser à un peu plus d’un mètre de hauteur. Les progrès réalisés en matière de réduction du bruit sautent aux oreilles. L’écart avec Bebop2 atteint 35 % selon Parrot qui insiste sur le fait que cette caractéristique participe activement de « l’acceptabilité sociale » de l’appareil. Ce constat se vérifie lorsque le drone prend de l’altitude. Au point qu’il est parfois difficile de le repérer au-dessus de soi.
Autre constatation : Anafi ne bouge pas d’un iota si l’on ne touche pas à la radiocommande et répond immédiatement aux ordres qui lui parviennent. Il peut s’éloigner sans risque bien au-delà de ce qu’autorise la réglementation, qui interdit le vol hors de vue car la portée annoncée est de 4 km. Chacun des quatre pieds enferme une antenne, ce qui renforce la capacité de recevoir des signaux dans de bonnes conditions. Lors de nos essais, nous n’avons pas cherché à envoyer le drone aussi loin, mais, même à bonne distance, le retour vidéo est toujours resté d’excellente qualité, sans décalage. Le pilotage manuel offre deux options : film ou sport. La première ralentit les mouvements d’Anafi, notamment lorsqu’il s’agit d’effectuer un 360 degrés, afin d’éviter le piège classique des vidéos qui donnent le tournis. Il faudra ne pas s’aventurer trop près d’un arbre ou d’un bâtiment, car les corrections de trajectoire seront plus lentes. L’autre option permet au drone de donner libre cours à sa vitesse (jusqu’à 55 kmh) et à son agilité, qualités qui ne lui font pas défaut.
La radiocommande d’Anafi permet de fixer un smartphone. / Parrot Brand Studio / Getty Images
Les vingt-cinq minutes d’autonomie de vol avancées par le constructeur semblent réalistes même si la façon de piloter, le fait de filmer ou non et les conditions climatiques peuvent modifier la donne. En fait, ces performances, en progrès par rapport au « vieux » Bebop2 soutiennent la comparaison avec un DJI Mavic Air ressemblent presque à un dû. Impossible, aujourd’hui, de proposer un drone de loisirs qui fasse l’ascenseur en vol stationnaire, ne réponde qu’aléatoirement à la radiocommande ou revienne au bercail après dix minutes de vol. On regrettera quand même l’absence d’un système de détection d’obstacles.
Zoom et contre-plongée
Désormais, c’est avant tout sur le terrain de l’image que les fabricants font la différence. Là encore, la marque française avance des arguments solides. Lers images vidéo en 4K (24 images par secondes) sont impeccables. Le capteur Sony de la caméra peut aussi filmer en HDR afin de réduire les inconvénients d’une prise de vue à contre-jour en « éclairant » les zones sombres. En photo, la dotation est à l’avenant.
Les deux grandes nouveautés sont la possibilité de zoomer et de filmer en contre-plongée, prestations inédites à ce niveau de gamme. Placée sur l’arrière de la radiocommande, une molette permet de zoomer (× 2,8 en 4K, × 1,8 en FullHD) dans d’excellentes conditions. La petite nacelle qui porte la petite caméra d’Anafi représente un autre morceau de bravoure car elle peut pivoter à 90 degrés en mode vertical, par exemple pour filmer ce qui se trouve au-dessus de l’appareil.
Autre exercice imposé : les figures de vol préprogrammées. Dans ce domaine, Parrot a mis les petits plats dans les grands. A peu près tous les selfies – pardon, « dronies » – possibles et imaginables sont disponibles : effet « boomerang », mode « follow me » ou vol circulaire ainsi qu’un très cinématographique « Dolly zoom » qui installe le sujet au milieu du plan tout en grossissant le décor.
Le succès d’Anafi est crucial pour Parrot. / Parrot
Avec Anafi, commercialisé à partir du 2 juillet au prix de 699 euros, Parrot réalise un bond en avant. Cet appareil dont la conception a duré deux ans installe un véritable changement de génération. S’il ne propose par toutes les fonctionnalités envisageables (détection d’obstacles, commandes gestuelles), Anafi vise juste en mettant à disposition des prestations inédites, comme le zoom et la possibilité de filmer en contre-plongée. Parrot est de retour dans la course.
Le Parrot Anafi est pour vous si…
- il vous faut un modèle « up to date » ;
- vous êtes du genre à réaliser des vidéos élaborées ;
- cet été, pas question de s’embarrasser d’un quadricoptère encombrant et long à mettre en service.
Le Parrot Anafi n’est pas vraiment pour vous si…
- pour vous, voler est plus important que filmer ;
- vous envisagez de n’utiliser que très irrégulièrement une caméra volante.