Adil Rami, mercredi 4 juillet, à Istra. / David Vincent / AP

Quand il raccrochera les crampons, Adil Rami, 32 ans (35 sélections depuis 2010), pourra toujours embrasser une carrière d’humoriste. Seul joueur de champ à n’avoir pas encore disputé la moindre minute lors de la Coupe du monde en Russie, le défenseur des Bleus a donné la pleine mesure de son talent sur les planches, mercredi 4 juillet, dans l’auditorium du Musée du monastère orthodoxe de la Nouvelle-Jérusalem d’Istra. La conférence de presse du stoppeur à la barbe drue a très vite tourné au numéro de stand-up et a rappelé, à certains égards le one-man show, de Patrice Evra, lors du Mondial brésilien de 2014.

Intenable, le conjoint de l’actrice américaine Pamela Anderson a enchaîné boutades, clins d’œil et autres saillies bien senties. « Vous ouvrez vos cahiers, page huit, exercice quatre », a-t-il glissé, en guise d’introduction, aux journalistes français, réduits au rang d’écoliers.

A défaut d’applaudir, les suiveurs des Bleus se sont tordus de rire. Tout en se frisant la moustache, le colosse (1,90 m) a apostrophé, goguenard, les représentants des médias : « Tu penses que je te mens ? », a-t-il demandé à un reporter, qui le questionnait sur l’atmosphère prétendument idyllique au sein du groupe tricolore. « Mets une photo de moi sur la couverture », a ensuite conseillé, à l’envoyé spécial de Nice Matin, celui qui travaillait comme agent municipal à la Mairie de Fréjus (Var) il y a encore douze ans.

« Kylian a fait comme dans “FIFA” »

« A Istra, on a que ça à faire de rêver. On mange foot, on pleure foot. On va rester sur la positive attitude », a-t-il ironisé, faisant ainsi référence au relatif isolement des Bleus dans leur camp de base, situé à une heure de route de Moscou.

Invité à commenter les exploits du jeune prodige Kylian Mbappé contre l’Argentine, Rami a amusé la galerie : « Ce n’est pas moi la charrette à l’entraînement, c’est Kylian qui va vite. Il a fait comme dans [le jeu vidéo] FIFA : L1, accélération, double joystick droit ! Et il l’a fait au bon moment. »

Hilare, le défenseur en a remis une couche sur le surnom (« Jeff Tuche » ) dont les Bleus ont affublé leur coéquipier Benjamin Pavard : « Sacrée Tuche de balle, hein ! » Sous les yeux interloqués du chef de presse historique des Bleus, Philippe Tournon, Rami a ensuite « mouché » un journaliste, qui dépeignait un climat de « paranoïa » au sein de la sélection. « Ça veut dire que t’es pas content de me voir ? Je suis ton clown, alors ? Manque de pot pour toi, c’était moi aujourd’hui en conférence de presse », a-t-il lancé, le sourire aux lèvres.

« Blaise, ce n’est pas aussi marrant que moi »

Avant de passer le flambeau à son coéquipier Blaise Matudi, le Marseillais a prévenu l’assemblée : « Vous allez voir, Blaise, ce n’est pas aussi marrant que moi. » Envoyé au front pour détendre l’atmosphère avant le quart de finale anxiogène face à l’Uruguay, Rami s’est ensuite éclipsé derrière le rideau, laissant le milieu des Bleus – suspendu face à la Celeste – répondre aux questions des journalistes.

Mais le défenseur vétéran a vite refait son apparition. Caché dans un recoin de l’estrade, il a d’abord vainement hélé Blaise Matuidi, sagement assis face aux journalistes. Puis il est parti s’installer au balcon, avant de perturber la conférence de presse. « Il a posé la même question, lui ! », a hurlé l’histrion des Bleus, depuis les hauteurs de l’auditorium, déclenchant l’hilarité générale. « C’est du Adil », a pouffé Matuidi. Du Rami tout craché. Idéal pour décompresser avant un match capital.