Turquie : quatre ans après la catastrophe minière de Soma, le PDG condamné à quinze ans de prison
Turquie : quatre ans après la catastrophe minière de Soma, le PDG condamné à quinze ans de prison
Le Monde.fr avec AFP
Plusieurs cadres de la société exploitante de la mine ont été condamnés pour avoir délibérément négligé la sécurité de leurs ouvriers au nom de la rentabilité.
Un incendie avait éclaté en mai 2014 dans un des puits de la mine de charbon du groupe Soma Kömür, tuant 301 mineurs. / EMRE TAZEGUL / AP
Un tribunal turc a condamné mercredi 11 juillet à quinze ans de prison l’ex-PDG de la mine de Soma, où 301 personnes ont péri en mai 2014 dans la plus grave catastrophe minière de Turquie, a annoncé l’agence de presse publique Anatolie.
Le verdict du tribunal d’Akhisar (ouest de la Turquie) contre l’ancien PDG, Can Gurkan, est rendu à l’issue d’un procès qui a duré trois ans et où 37 personnes étaient jugées pour avoir délibérément négligé la sécurité des mineurs au nom de la rentabilité.
Le directeur général de la mine, Ramazan Dogru, et le directeur technique, Ismail Adali, ont pour leur part été condamnés à des peines de vingt-deux ans et six mois. Le directeur des opérations, Akin Celik, et le responsable technique, Ertan Ersoy, ont été condamnés à des peines de dix-huit ans et neuf mois de prison.
Ces peines sont en bien en deçà de celles réclamées à l’ouverture du procès par les procureurs, qui avaient demandé vingt-cinq ans de réclusion multipliés par le nombre des victimes pour chaque responsable jugé.
Proches du pouvoir
Le 13 mai 2014, un incendie avait éclaté dans un des puits de la mine de charbon du groupe Soma Kömür, prenant au piège les quelque 800 mineurs qui travaillaient à plusieurs centaines de mètres sous terre. Selon l’enquête menée par la justice, l’incendie s’est rapidement propagé à plusieurs galeries, envahies par les flammes et les émanations mortelles de monoxyde de carbone. De nombreux mineurs sont morts très rapidement, brûlés ou intoxiqués.
Un an après la fronde antigouvernementale de juin 2013, l’accident de Soma avait réveillé la contestation contre le premier ministre Recep Tayyip Erdogan, aujourd’hui chef de l’Etat, accusé d’avoir négligé l’ampleur du drame et couvert les fautes des dirigeants de l’entreprise exploitante, présentés comme proches du pouvoir.