Comme chaque année depuis 1790 – à quelques exceptions près pendant la Révolution, puis la Restauration ou l’occupation –, les « Français, au-delà des clivages, des origines, des différences » vont se rassembler « pour célébrer ce qui les fédère, la République » à l’occasion du 14-Juillet, rappelle Florence Parly, la ministre de la défense, dans le document présentant l’édition 2018 du défilé.

Comme chaque année, celui-ci ne laisse aucune place à l’improvisation : « Cela fait plusieurs mois que le défilé est en cours d’élaboration. C’est un ballet extrêmement dense et compliqué à coordonner. On l’organise comme une opération militaire, avec la quasi-totalité des moyens des armées en termes de préparation, de logistique, d’accompagnement », résume le général Bruno Le Ray, le gouverneur militaire de Paris, à qui il revient de l’organiser.

  • Le thème : la « Fraternité d’armes sous l’uniforme »

L’édition 2018 du défilé va mobiliser plus de 4 000 militaires, 220 véhicules, 250 chevaux et 30 hélicoptères. Avant le défilé à pied, 64 avions traverseront le ciel parisien, dont les neuf Alphajet de la Patrouille de France, à bord desquels voleront trois blessés de guerre – un marin, un aviateur et un soldat de l’armée de terre – issus des forces spéciales françaises.

Cette initiative fait écho au thème du défilé cette année, « Fraternité d’armes sous l’uniforme : l’engagement d’une vie ». Le 1er régiment de spahis basé à Valence, qui a perdu le 21 février deux de ses hommes au Mali dans l’explosion d’une mine artisanale, sera présent dans le cortège à pied, mené par leur chef de corps, lui-même blessé au cours de cette attaque.

Cette année, le 14-Juillet mettra aussi à l’honneur les forces envoyées au secours des populations locales, après le passage dévastateur, en septembre 2017, des ouragans Irma et Maria dans les Antilles françaises. Parmi eux défileront des jeunes du service militaire adapté (SMA) de Guadeloupe, de Guyane et de Martinique. Ce système d’insertion professionnelle avec un encadrement militaire est destiné à des jeunes d’outre-mer en décrochage scolaire, chômeurs ou en risque de désocialisation.

  • Une « sous-marinière » et un astronaute

L’une des quatre premières femmes officiers à avoir servi à bord d’un sous-marin nucléaire français défilera au côté de son équipage. La capitaine de corvette Karen, 41 ans, ingénieure atomicienne, était chef du service réacteur pendant la dernière patrouille du sous-marin nucléaire lanceur d’engins (SNLE) Le Vigilant. Elle et ses trois consœurs sont des pionnières : la marine française vient seulement d’ouvrir au personnel féminin cette filière très fermée. L’année 2018 marque aussi la 500e patrouille de la force océanique de la dissuasion française depuis ses débuts, en 1972.

Dixième Français à être allé dans l’espace, l’astronaute Thomas Pesquet volera au-dessus du public à bord d’un Rafale.

  • Singapour, le Japon et la Belgique à l’honneur

En 2017, le président américain Donald Trump était l’invité du président de la République. Cette année, la France ayant entrepris de renforcer ses liens militaires en Asie-Pacifique, le premier ministre singapourien, Hsien Loong, et le ministre des affaires étrangères japonais, Taro Kono, seront les invités d’honneur du chef de l’Etat. Depuis vingt ans, des pilotes de chasse singapouriens sont formés sur la base française de Cazaux, en Gironde, et plus de cent quatre-vingts d’entre eux y ont été brevetés. L’année 2018 marque parallèlement le 160e anniversaire des relations diplomatiques entre la France et le Japon.

Sans rancune après la défaite de leur équipe mardi face aux Bleus en demi-finale de la Coupe du monde de football, des soldats belges du bataillon de chasseurs ardennais descendront les Champs-Elysées à bord de blindés Piranha, aux côtés des Français du 152e régiment d’infanterie de Colmar, surnommés… « les Diables rouges », comme les joueurs de l’équipe nationale belge.

  • Les chiffres

Le traditionnel défilé du 14-Juillet est « une démonstration de force », qui « dépasse la simple commémoration », estime le chef d’état-major des armées, le général François Lecointre, dans un entretien à paraître samedi dans le magazine Famille chrétienne.

Les avions : 64 appareils

  • 53 de l’armée de l’air,
  • 6 de la marine nationale,
  • 2 de la sécurité civile,
  • 3 étrangers.

Les hélicoptères : 30 appareils

  • 18 de l’aviation légère de l’armée de terre,
  • 5 de l’armée de l’air,
  • 2 de la marine nationale,
  • 3 de la gendarmerie nationale,
  • 2 de la sécurité civile.

120 pas par minute

  • 4 290 hommes et femmes. La cadence de base d’une unité qui défile à pied est de 120 pas par minute, soit 88 mètres/minute (5,28 km/h). La légion étrangère a une vitesse plus lente : sa cadence de défilé n’est que de 88 pas/min., soit 66 m/min. (3,96 km/h). Les bataillons de chasseurs alpins ont la cadence la plus rapide de 144 pas/min., soit 99 m/min (5,94 km/h). Toutefois, pour s’intégrer au défilé, ils adoptent la cadence classique de 120 pas/min.
  • 220 véhicules dont 62 motos. Chaque véhicule a une vitesse précise à respecter, aux alentours de 14 km/h, sous peine de causer des écarts disgracieux.
  • 250 chevaux.

Le déroulé de la journée

  • Entre 9 h 20 et 9 h 45 : fin de la mise en place des troupes sur le rond-point de l’Etoile et les Champs-Elysées.
  • Entre 10 heures et 10 h 20 : arrivée du président de la République, accueil par le chef d’état-major des armées, honneurs rendus par le 1er régiment d’infanterie de la garde républicaine.
  • Entre 10 h 35 et 12 heures : défilé, avec passage des avions à 10 h 35, puis défilé des troupes à l’honneur (10 h 45), des troupes à pied (11 heures), des hélicoptères (11 h 25), des troupes motorisées (11 h 30) puis des troupes montées (11 h 40), avant une animation de clôture (11 h 45) et le départ du président de la République.
    L’animation finale se fera en musique, l’orchestre et chœur militaire seront accompagnés par la cantatrice Julie Cherrier, qui interprétera L’Hymne à l’amour et La Marseillaise.
  • Entre 13 h 30 à 18 heures, sur l’esplanade des Invalides, le public pourra rencontrer les militaires défilant et voir de près leurs matériels – hélicoptères et blindés –, ou encore tester leur endurance au fil d’un parcours du combattant… gonflable. Les volontaires pourront également donner leur sang au profit du centre de transfusion des armées.