Deux personnes ont été tuées dans le sud de l’Irak dans la nuit de vendredi à samedi 14 juillet, au cours d’un mouvement de contestation sociale qui gagne du terrain, poussant les autorités à décréter un couvre-feu à Bassora.

Les circonstances n’ont pas été clairement établies. « Il y a eu des tirs à l’aveugle », a indiqué le porte-parole des services de secours provinciaux, Ahmad al-Kanani. Ces décès portent à trois le nombre de morts depuis le début du mouvement de contestation sociale, au cours duquel des dizaines de personnes, notamment des membres des forces de sécurité, ont été blessées.

Face aux manifestations qui menacent de s’étendre à d’autres régions du pays, le pemier ministre Haider al-Abadi a annoncé samedi soir l’allocation de fonds et promis des investissements pour la province de Bassora, où il s’était rendu la veille et avait déjà fait des promesses et des annonces.

Les manifestants dénoncent la déliquescence des services publics ainsi qu’un chômage endémique, et crient leur colère contre l’incurie des autorités dans cette région pourtant riche en pétrole.

La grogne s’étend

Les protestations ont débuté le 8 juillet dans la province de Bassora. La mort d’un manifestant dans la ville de Bassora ce même 8 juillet a exacerbé la grogne. Les manifestations se sont poursuivies dans cette ville et sa province, s’étendant même à plusieurs régions d’Irak dont Bagdad.

Samedi, des dizaines de protestataires se sont rassemblés dans plusieurs quartiers de Bassora, y compris près de champs pétroliers à l’ouest de la ville, du siège des autorités provinciales et du port. La veille à Bassora, les protestataires avaient scandé « les voleurs nous pillent » en brandissant des drapeaux irakiens, en référence au gouvernement.

Des manifestants ont aussi tenté de mettre le feu au siège de la puissante organisation Badr (soutenue et armée par l’Iran), provoquant des heurts avec les forces de sécurité qui ont fait au moins trois blessés parmi les manifestants, a indiqué à l’AFP une source de sécurité.

Dans la nuit de vendredi à samedi, la contestation s’était étendue à la province du sud du pays, Missane, où de nombreux rassemblements ont eu lieu devant le siège de partis politiques, dont celui de M. Abadi. Certains ont été incendiés, d’après des médias irakiens.

Une petite manifestation pacifique a également eu lieu aux premières heures de samedi dans le quartier d’Al-Choula dans le nord de Bagdad, sous une forte présence des forces de l’ordre, a indiqué une source de sécurité à l’AFP. Des appels à une grande manifestation à Bagdad ont par ailleurs circulé samedi sur les réseaux sociaux. La plus haute autorité chiite d’Irak a annoncé vendredi son soutien aux manifestants, tout en les appelant à éviter les désordres et les destructions.