La gazette de la Coupe du monde : deuxième étoile, blessés de retour et buteur fantôme
La gazette de la Coupe du monde : deuxième étoile, blessés de retour et buteur fantôme
Par Luc Vinogradoff, Grégor Brandy
La Belgique a battu l’Angleterre pour finir 3e, mais le Mondial, c’est aussi des disparus qui reviennent et la possibilité d’un sextuplé en finale.
TSAR DU JOUR
Harry Kane à la recherche de son efficacité. / Natacha Pisarenko / AP
A moins d’une finale incroyable et d’un triplé de Kylian Mbappé ou d’Antoine Griezmann, Harry Kane sera donc sacré meilleur buteur de la compétition. Avec ses six buts, il devance le Belge Romelu Lukaku, le Russe Denis Cheryshev, et le Portugais Cristiano Ronaldo (quatre buts chacun).
Pourtant, la performance de l’attaquant de Tottenham lors de cette Coupe du monde n’aura pas été si enthousiasmante que ça. Sur ses six buts, cinq ont été inscrits lors du premier tour contre le Panama et la Tunisie, pas vraiment réputées pour leur défense, et trois ont été inscrits sur penalty. Surtout, il n’a pas inscrit le moindre but lors des trois derniers matchs : en quart de finale contre la Suède (2-0), en demi-finale contre la Croatie (1-2) et lors du match pour la troisième place contre la Belgique (0-2), qu’il a traversé en fantôme.
A l’inverse, James Rodriguez, meilleur buteur en 2014 avec 6 buts également, avait su se montrer décisif quand son équipe avait besoin de lui (deux buts contre l’Uruguay en huitièmes, un penalty contre le Brésil en quarts). En 2010, l’Allemand Thomas Müller avait inscrit un doublé en huitièmes de finale, un but en quarts de finale, et un dernier but lors du match pour la troisième place. De quoi faire naître des regrets à pas mal d’attaquants.
Enfin, ça c’est si Olivier Giroud n’inscrit pas un sextuplé en finale de Coupe du monde.
LA MÈRE PARTIE
Première partie de soirée. / Charles Platiau / REUTERS
Un mois et 63 matches plus tard, nous y sommes. La France affronte la Croatie en finale de la Coupe du monde, dimanche à 17 heures.
Après avoir chassé une finale pendant 68 ans, il s’agit du troisième rendez-vous en vingt ans pour les Bleus. En 1998, l’équipe d’Aimé Jacquet avait battu le Brésil, chez elle, au Stade de France. Huit ans plus tard, l’équipe de Raymond Domenech s’était inclinée aux tirs au but, contre l’Italie (1-1, 5-3).
Les Croates, eux, joueront la première finale de leur courte histoire. Les hommes de Zlatko Dalic se souviennent forcément du dernier affrontement entre les deux équipes en Coupe du monde : c’était en 1998, en demi-finale, et le doublé de Lilian Thuram avait mis fin aux rêves croates (2-1) :
« Cela a été le sujet de discussion des 20 dernières années. On venait de célébrer le but de Davor Suker mais, à peine assis, ils avaient égalisé. Mais on ne cherche pas revanche, c’est le football, et on ne se concentre que sur l’idée de tout faire pour offrir le meilleur match du tournoi lors de la finale. »
Si les Français semblent favoris, ils ne devront pas prendre à la légère la sélection croate, ou considérer que les 90 minutes jouées en moins constitueront un avantage majeur. A l’heure de disputer la première finale de Coupe du monde de leur histoire (vingt-sept ans après l’indépendance du pays), la Croatie n’entend pas laisser des jambes lourdes la priver d’un sacre.
DU CÔTÉ DE CHEZ VLAD
Laurent Koscielny hésitait encore, le 12 juillet, à venir à Moscou voir ses coéquipiers jouer la finale. Invité par Emmanuel Macron, il sera finalement du voyage en compagnie de Dimitri Payet, l’autre grand absent de cette compétition pour cause de blessure. De quoi faire plaisir à leurs coéquipiers : « Lolo et Dim étaient à l’Euro, c’étaient deux joueurs importants. Sans leurs blessures, ils seraient ici. Ça nous fera plaisir de les revoir », a réagi Antoine Griezmann, à cette annonce. En revanche, pas de mots, ni d’informations, pour Adrien Rabiot. Le Parisien avait refusé de faire partie de la liste des réservistes.
Cette absence sera toujours moins flagrante que celle de Nikola Kalinic. Le Croate était en Russie, mais avait refusé d’entrer en jeu contre le Nigeria, lors du premier match de la phase de poules. Il avait été exclu du groupe et regardera devant sa télévision ses anciens coéquipiers tenter de réaliser le plus grand exploit de leur histoire.
L’absent. / Maurizio Degl'Innocenti / ANSA
L’ŒIL DE MOSCOU
« La sécurité, elle dépend aussi de comportements. Il y a des comportements simples à respecter »
Le secrétaire d’Etat aux relations avec le Parlement a fait le tour des médias ce week-end pour faire passer le message suivant : « Je suis totalement confiant à la fois d’un point de vue sportif et pour les moments de rassemblement qui vont se dérouler ensuite ». Qui dit finale de Coupe du monde dit, forcément, une marée humaine dans les rues en cas de victoire. Le gouvernement prévoit « des moyens exceptionnels » mais compte aussi sur « la responsabilité de nos concitoyens ». Plus de 110 000 policiers seront déployés, dont 12 000 dans les lieux parisiens. Les principales difficultés demeurent liées à la gestion des fan-zones, qui avaient disparu depuis l’Euro mais qui reviennent en force depuis la demi-finale contre la Belgique : 230 fan-zones avec écran géant vont être organisées dans toute la France.
KOMINTERN
La Coupe du monde est surtout l’occasion pour les journalistes de recevoir une flopée de communiqués sans intérêt. Mais ce serait bête qu’ils meurent oubliés dans nos spams.
Vous vous réveillez un peu en retard et souhaitez vous rendre à Moscou pour voir la finale des Bleus ? Pas d’inquiétude, une compagnie de location de vols privés est là pour vous sauver. Le PDG de cette compagnie nous dit que « les supporters cherchent désormais des vols privés de dernière minute ». A le croire, c’est souvent une histoire d’amis passionnés de football qui mettent en commun leurs économies pour vivre leur rêve. Et ça ne coûte que « 26 000 euros » pour « un jet de 9 places ».
POUCHKINE BALL
La gazette est toujours poète. Aujourd’hui, des mots d’Alexandre Pouchkine, déçu de voir la génération dorée belge devoir se contenter d’une troisième place en Coupe du monde.
« Mais il est triste de se dire
Qu’on a gaspillé sa jeunesse,
Qu’on l’a trahie à chaque instant
Et qu’elle nous l’a bien rendu,
Que les meilleurs de nos désirs,
Que les plus pures rêveries
Sont allés à la pourriture
Comme les feuilles de l’automne. »
Alexandre Pouchkine, Eugène Onéguine
RUSSIA TODAY
La finale France-Belgique, à 17 heures et dès 13 heures sur LeMonde.fr
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