Meurtre d’Anna Politkovskaïa : la CEDH condamne la Russie pour manquements dans l’enquête
Meurtre d’Anna Politkovskaïa : la CEDH condamne la Russie pour manquements dans l’enquête
Le Monde.fr avec Reuters
Six personnes ayant participé à l’exécution ont été condamnées à de lourdes peines de prison par la justice russe, sans que les commanditaires soient jamais identifiés.
Recueillement avant l’inauguration d’un jardin public en mémoire d’Anna Politkovskaïa, le 13 juillet 2018 à Moscou. / VASILY MAXIMOV / AFP
La Cour européenne des droits de l’homme a condamné, mardi 17 juillet, la Russie pour manquements dans l’enquête sur l’assassinat en octobre 2006 de la journaliste Anna Politkovskaïa, connue pour ses enquêtes sur les violations des droits de l’Homme en Tchétchénie et ses critiques contre Vladimir Poutine.
La cour impute à Moscou une violation du « droit à la vie », au regard des défaillances de l’enquête qui est officiellement toujours en cours. Six personnes ayant participé à l’exécution ont été condamnées à de lourdes peines de prison par la justice russe, sans que les commanditaires soient jamais identifiés.
« Dans un homicide de ce type, on ne peut toutefois pas considérer que l’enquête a été appropriée si aucun effort n’a été fait pour identifier le commanditaire du meurtre », affirme la juridiction du Conseil de l’Europe.
Indemnités pour préjudice moral
Les juges de Strasbourg soulignent que les autorités russes ont élaboré une « théorie principale » impliquant un homme d’affaires résidant à Londres et aujourd’hui mort sans qu’aucune pièce ait jamais été présentée pour étayer cette hypothèse.
« L’Etat aurait dû examiner les allégations des requérants [la famille de la victime] selon lesquelles des agents du FSB [les services secrets russes] ou des représentants de l’administration tchétchène avaient été impliqués dans l’organisation du meurtre », ajoutent-ils.
Les autorités russes devront verser 20 000 euros à la mère, à la sœur et aux enfants de la journaliste assassinée au titre du préjudice moral. L’arrêt, rendu à la majorité de cinq juges contre deux, est susceptible d’appel.