Affaire Benalla : les auditions se poursuivent lundi et mardi devant la commission des lois du Sénat
Affaire Benalla : les auditions se poursuivent lundi et mardi devant la commission des lois du Sénat
Cinq hauts responsables du ministère de l’intérieur doivent être entendus lundi, dont le chef du cabinet du ministre de l’intérieur, Jean-Marie Girier.
L’exécutif affronte sa troisième semaine de turbulences liées à l’affaire Benalla avec la poursuite d’auditions devant la commission d’enquête du Sénat, lundi 30 juillet et mardi, et l’examen de deux motions de censure de l’opposition à l’Assemblée nationale, mardi.
Nouvelle série d’auditions au Sénat
Cinq hauts responsables du ministère de l’intérieur doivent être entendus lundi par la commission des lois du Sénat, qui poursuit ses auditions.
A 10 h 30, les sénateurs entendront Michel Lalande, préfet de la région Hauts-de-France, sur deux déplacements présidentiels dans le Nord, dont l’un auquel Alexandre Benalla a participé.
A 11 h 30, ils entendront Jean-Marie Girier, chef de cabinet du ministre de l’intérieur, qui fut directeur de campagne d’Emmanuel Macron, et qui a embauché Alexandre Benalla à En marche ! pour protéger le candidat.
A 14 h 30, c’est Stéphane Fratacci, directeur de cabinet du ministre de l’intérieur, qui doit être entendu. Gérard Collomb a dit avoir été informé par Stéphane Fratacci, le 2 mai, de l’existence de la vidéo sur laquelle apparaît Alexandre Benalla. Déjà entendu le 25 juillet par la commission d’enquête parlementaire, Stéphane Fratacci a dit ne pas « connaître personnellement » Alexandre Benalla.
Dans l’après-midi, les sénateurs entendront Olivier de Mazières, préfet des Bouches-du-Rhône, suivi du colonel Lionel Lavergne, chef du groupe de sécurité de la présidence de la République. Ce dernier avait dit, le 25 juillet devant les députés, qu’Alexandre Benalla n’avait « aucune autorité sur les services de sécurité » au sein de l’Elysée.
Christophe Castaner, le délégué général de La République en marche, sera entendu mardi matin, notamment sur le rôle de Vincent Crase, salarié du parti, mis en cause dans les violences commises le 1er mai avec Alexandre Benalla.
Benalla se dit « plutôt » prêt à être auditionné
Ce week-end, Alexandre Benalla a dit au Journal du dimanche avoir « plutôt envie » d’aller donner des « explications » aux commissions d’enquête parlementaires. Il nie, entre autres, toute intervention au Jardin des plantes le 1er mai. Les agissements d’Alexandre Benalla et de Vincent Crase font l’objet, depuis jeudi, de deux plaintes déposées par deux personnes de 23 et 24 ans, adressées au parquet de Paris, dénonçant une autre interpellation violente au Jardin des plantes, le même jour, quelques heures avant l’épisode de la Contrescarpe, selon Libération.
Après son interview dans Le Monde parue jeudi, puis son entretien, enregistré, pour le « 20 Heures » de TF1, vendredi, l’ancien collaborateur d’Emmanuel Macron, mis en examen notamment pour « violences en réunion », continue sur sa ligne de défense dans le JDD, qui publie un récit émaillé de ses déclarations.
Dans son propos liminaire aux auditions de lundi, le président de la commission des lois du Sénat, Philippe Bas, n’exclut plus d’entendre M. Benalla : il « a fait savoir son envie d’être auditionné par la commission des lois du Sénat. Dans le respect des principes que je viens de rappeler, nous aurons une discussion interne avec les rapporteurs pour voir ce qu’il convient de faire à la rentrée ».
Précédemment, M. Bas avait exclu de l’auditionner, rappelant « l’exigence fondamentale de la séparation des pouvoirs » et « le principe fondamental des droits de la défense ».
Deux motions de censure
Deux motions de censure du gouvernement distinctes seront par ailleurs défendues mardi par la droite et par la gauche, pour mettre en cause la responsabilité du gouvernement, une première sous le quinquennat Macron — et un fait rarissime, puisqu’il faut remonter à 1980 et à la loi de finances du gouvernement de Raymond Barre. Un mot d’ordre quasi identique face à une « crise institutionnelle » : contraindre le gouvernement à « s’expliquer » et dénoncer un « verrouillage » pour empêcher « la vérité » d’émerger.
Pour ces deux motions simultanées — Les Républicains (LR) d’un côté, les trois groupes de gauche (socialistes, communistes, insoumis) de l’autre —, il y aura un seul débat, lors duquel Edouard Philippe répondra aux interpellations de Christian Jacob (LR) et d’André Chassaigne (PCF), mais bien deux votes.
Nul suspense quant à leur issue : ni Les Républicains, avec 103 députés, ni la gauche, avec 63, ne peuvent, même en votant tous les uns pour les autres, rassembler la majorité requise de 289 voix qui ferait chuter le gouvernement. Le Rassemblement national de Marine Le Pen votera les deux motions.
Notre sélection d’articles sur l’affaire Benalla
Retrouvez nos principaux contenus liés à l’affaire Benalla, du nom de l’ex-collaborateur d’Emmanuel Macron que Le Monde a identifié en train de molester un manifestant en marge des manifestations du 1er-Mai.
- Mercredi 18 juillet, Le Monde publie ses premières révélations et écrit avoir identifié Alexandre Benalla sur une vidéo mise en ligne dès le 1er mai sur YouTube.
- Le public découvre alors le visage de cet homme et de sa « bande », qui ne quitte jamais le sillage d’Emmanuel Macron depuis l’élection présidentielle.
- D’une ZUP d’Evreux jusqu’au premier cercle du président : récit d’une ascension mystérieuse.
- En quelques jours, l’affaire est devenue une affaire d’Etat.
- Benalla, Mizerski, Crase... qui sont les personnages-clés ?
- A l’Assemblée, une commission d’enquête présidée par la députée LRM Yaël Braun-Pivet a mené des auditions. Une semaine plus tard, l’opposition claque la porte accusant l’Elysée de vouloir « torpiller » les travaux.
- Le point sur les auditions de : Gérard Collomb, ministre de l’intérieur ; Michel Delpuech, préfet de police de Paris ; Patrick Strzoda, directeur de cabinet de l’Elysée.
- Dommage collatéral, l’examen de la révision constitutionnelle a été suspendu et ne reprendra pas avant la rentrée et Les Républicains déposent une motion de censure contre le gouvernement.
- Dans cette affaire, la question des images de vidéosurveillance est centrale alors que trois policiers ont été sanctionnés pour les avoir transmises à M. Benalla et que l’Elysée est accusée de les avoir instrumentalisées.
- Après une semaine de silence, Emmanuel Macron s’est finalement exprimé devant des députés en assurant qu’il était le « seul responsable » de l’affaire.
- Les plaignants se sont également exprimés via leur avocat qui les présente comme « des badauds qui venaient assister à une manifestation ».
- Pour Jean-Pierre Mignard, avocat pénaliste, proche du président Emmanuel Macron : « L’Elysée a sous-estimé la faute d’Alexandre Benalla. »
- Plus d’une semaine après les révélations du « Monde », l’ex-chargé de mission de l’Elysée, Alexandre Benalla, a accepté de répondre longuement à nos questions dans un entretien exclusif.