Un an après les violences de Charlottesville, un rassemblement sous tension à Washington
Un an après les violences de Charlottesville, un rassemblement sous tension à Washington
En août 2017, une jeune femme a été tuée lors de heurts entre suprémacistes blancs et contre-manifestants dans la ville de Virginie.
Plusieurs centaines de sympathisants néo-nazis sont attendus dimanche 12 août devant la Maison Blanche à Washington, aux Etats-Unis, un rassemblement sous haute tension un an après les incidents meurtriers de Charlottesville, en Virginie.
L’organisation informelle Unite the Right, qui était à l’origine du rassemblement de Charlottesville d’août 2017, a reçu l’autorisation de réunir 400 personnes dans le square Lafayette, devant la résidence présidentielle, à partir de 17 h 30 et durant deux heures seulement. Un important dispositif policier a été mis en place, principalement pour empêcher manifestants et contre-manifestants d’entrer en contact, avec plusieurs artères interdites à la circulation.
Initiateur de la manifestation de l’an dernier, Jason Kessler avait demandé à défiler de nouveau à Charlottesville, mais la municipalité a refusé. Un rassemblement a en revanche été autorisé à Washington. « Nous savons que dimanche, des gens vont venir dans notre ville dans le seul but de déverser leur haine », a déclaré la maire de Washington, Muriel Bowser.
« Je ne veux pas de néo-nazis »
Charlottesville, située à moins de 200 km au sud de Washington, ne veut pas revivre les événements du 12 août 2017. Après une manifestation pour protester contre le projet de la municipalité de déboulonner une statue du général confédéré Robert E. Lee, des heurts avaient éclaté entre suprémacistes blancs et contre-manifestants. Un sympathisant néo-nazi avait alors foncé en voiture dans une foule de manifestants antiracistes, tuant une jeune femme de 32 ans, Heather Heyer, et faisant 19 blessés.
Dans un entretien à la radio publique NPR diffusé vendredi, Jason Kessler a exprimé le souhait que l’événement de dimanche soit « apaisé » et pris publiquement ses distances avec la mouvance néo-nazie. « Je ne veux pas de néo-nazis à mon rassemblement, a-t-il assuré, ils ne sont pas les bienvenus. J’espère qu’après je pourrai discuter ou débattre avec des représentants de Black Lives Matter [mouvement contre les violences visant les Noirs] ou les antifas [mouvements antifascistes], parce que je crois que nous devons avoir ce dialogue. »
Samedi, Donald Trump a dit, dans un tweet, « condamner tous les types de racisme et actes de violence ». « Le rassemblement de Charlottesville, il y a un an, a entraîné la mort et des divisions insensées », a écrit le président des Etats-Unis, qui avait été vivement critiqué pour n’avoir jamais clairement condamné les manifestants néo-nazis après les événements. « Nous devons nous rassembler en tant que Nation, a-t-il ajouté. Paix à tous les Américains ! »
Mesures de sécurité à Charlottesville
De nombreux observateurs reprochent à Donald Trump d’avoir favorisé, durant sa campagne et depuis sa victoire électorale, l’émergence d’un discours extrémiste pro-blanc.
A Charlottesville, même si aucune manifestation n’a été autorisée, les autorités ont pris d’importantes mesures de sécurité. Le quartier piéton du centre-ville, où avaient eu lieu les incidents de l’an dernier, a été cerné de grillages, barrières en béton et voitures officielles, avec seulement deux points d’entrée pour les piétons.
Samedi, quelques dizaines de militants « antifas », vêtus de noir, ont brièvement marché dans ce quartier, encadrés de très près par la police. L’un d’entre eux portait une banderole rouge siglée « Good night white pride » (« bonne nuit fierté blanche »).
Dans les rues piétonnes, des personnes avaient accroché des pancartes « C-ville is love » et des rubans en hommage à Heather Heyer, dont une portion de rue de Charlottesville porte le nom depuis fin 2017. Des gerbes de fleurs s’entassaient à l’endroit où la jeune femme a été renversée.
Charlottesville, charmante ville à la haine ordinaire