Le secrétaire d’Etat chargé des relations avec le Parlement, Christophe Castaner, et Nicolas Hulot, le 19 décembre 2017 à l’Assemblée nationale. / PATRICK KOVARIK / AFP

Entre vraie déception, léger agacement et quasi-satisfaction, la démission de Nicolas Hulot a suscité des réactions contrastées au sein de la majorité, après l’annonce de son départ du gouvernement, mardi 28 août.

La plupart des députés La République en marche (LRM) ont veillé à ménager l’ex-ministre de la transition écologique en assurant « respecter » sa décision. « Nous avons beaucoup fait avec Nicolas Hulot. Je respecte profondément sa personnalité comme sa décision personnelle », a ainsi déclaré le chef de file des élus macronistes à l’Assemblée, Richard Ferrand, en assurant que ses troupes « continueron [t] à agir pour la transition écologique et solidaire avec énergie et détermination ». Un message relayé par d’autres piliers du groupe. « Sa décision, je la regrette. Elle renforcera notre volonté d’agir et notre niveau d’exigence », affirme Hugues Renson, député (LRM) de Paris. Même tonalité chez sa collègue des Yvelines Yaël Braun-Pivet : « Nous poursuivrons inlassablement son action, avec détermination et conviction. »

Au-delà de ces déclarations consensuelles, plusieurs élus macronistes ont mal digéré que M. Hulot reproche à Emmanuel Macron de ne pas avoir fait de l’environnement la priorité de son quinquennat. Comme si les fidèles du chef de l’Etat estimaient infondé d’intenter un tel procès à ce dernier après un an seulement d’exercice du pouvoir. Le patron des sénateurs LRM, François Patriat, a ainsi jugé que la décision du ministre démissionnaire n’était « pas justifiée ». « Nicolas Hulot ne mesure pas le chemin parcouru, les succès qu’il a obtenus, et le nombre d’arbitrages rendus en sa faveur avec le soutien constant du président de la République », a affirmé le vice-président du groupe d’étude chasse et pêche au Sénat.

Patience

A son tour, le patron du mouvement LRM et secrétaire aux relations avec le Parlement, Christophe Castaner, a critiqué à demi-mot la démission de M. Hulot, en notant que les effets de la politique « n’étaient pas toujours immédiats », mais se mesuraient « sur le long terme ». Et qu’il fallait donc savoir faire preuve de patience, au lieu de jeter l’éponge de manière hâtive. Dans la même veine, le député LRM des Hauts-de-Seine Gabriel Attal a souligné la « fragilité » de cet ex-ministre venu de la société civile. Et de lancer, avec une pointe d’amertume, en direction de M. Hulot : « Je suis sûr que notre bilan lui fera, dans quelques années, regretter sa décision. »

Deux des porte-parole du groupe à l’Assemblée ont présenté son départ comme une décision strictement personnelle, n’entamant en rien la détermination de la Macronie en matière d’écologie. « Il choisit de ne plus servir le gouvernement, mais nous continuerons à servir la cause », a affirmé la députée de Paris Olivia Grégoire. « L’écologie, ça n’est pas des individualités, c’est un enjeu majeur que nous partageons et pour lequel nous sommes mobilisés », a abondé sa collègue des Yvelines Aurore Bergé.

Si la majorité des troupes macronistes ont pesé leurs mots, le député LRM de Seine-Maritime Xavier Batut, lui, assume « ne pas regretter » le départ de M. Hulot, avec lequel il « partage peu de convictions ». Vice-président du groupe d’étude chasse et territoires à l’Assemblée, ce partisan du nucléaire reproche à l’ex-animateur d’« Ushuaïa » d’avoir « une vision uniquement écologiste des sujets, sans prendre en compte les aspects économiques et les modes de vie des Français ». Avant de fustiger son attitude : « On ne peut pas faire avancer un pays avec un ministre qui est prêt à démissionner à chaque arbitrage ! »

Vigilants

La tonalité n’est évidemment pas la même chez les écologistes de la majorité, qui se disent sincèrement déçus par le départ du militant Hulot. Et en profitent pour appeler à la mobilisation sur l’environnement. « Plus que jamais, des transformations écologiques profondes doivent être accomplies avec engagement, persévérance et détermination », a souligné le président de l’Assemblée, François de Rugy. Autre ex-écologiste convertie au macronisme, la députée de la Somme Barbara Pompili‏ voit dans la décision de M. Hulot « un appel à la réflexion et à l’action ».

Le député LRM des Bouches-du-Rhône François-Michel Lambert va plus loin, en attribuant sa démission à un manque de prise en compte des enjeux environnementaux par l’exécutif. « Le gouvernement n’a pas érigé la transition écologique au cœur de sa politique et n’en a pas fait sa priorité, alors qu’il y a urgence à changer le système en profondeur », déplore cet ex-membre d’EELV. « On a laissé Nicolas Hulot seul pendant plus d’un an. Or ce ne sont pas un ministre et deux secrétaires d’Etat qui peuvent réussir à eux seuls à sauver l’humanité », se désole celui qui a proposé – en vain – la création d’un poste de vice-premier ministre en charge de la transition écologique.

Pour autant, aucun des soutiens de M. Hulot au sein de la majorité n’a prévu de quitter les rangs de la Macronie. Cela ne les empêche pas de se montrer vigilants, comme l’explique la députée LRM de la Haute-Marne Bérangère Abba, membre de la commission du développement durable à l’Assemblée : « Nous allons regarder avec attention qui va remplacer Nicolas Hulot et les prochains arbitrages du budget. » A défaut de pouvoir compter sur un champion de l’écologie, populaire auprès des Français, au sein du gouvernement.