A l’image du PSG, la Ligue 1 a été sage lors du mercato
A l’image du PSG, la Ligue 1 a été sage lors du mercato
Par Alexandre Pedro
Le marché des transferts s’est fermé vendredi à minuit. Premier bilan d’un été plutôt économe pour les clubs français, à commencer par Paris et Marseille.
Le marché des transferts s’est fermé vendredi 31 août à minuit. Premier bilan d’un été plutôt économe pour les clubs français, à commencer par Paris et Marseille.
L’été raisonnable du PSG
Ce n’est pas encore l’austérité, mais le PSG a été plus fourmi que cigale cet été. Fair-play financier oblige, le club parisien a d’abord pensé à vendre avant d’acheter. Et l’opération dégraissage s’est poursuivie jusqu’à la fermeture du marché des transferts. Jeudi, Gonçalo Guedes est enfin devenu un joueur du FC Valence (où il était prêté la saison dernière) pour 40 millions d’euros, Giovanni Lo Celso a été prêté au Bétis Séville avec une option d’achat à 30 millions. Relégué au troisième échelon dans la hiérarchie des gardiens, Kevin Trapp retourne dans son ancien club de Francfort, là aussi sous forme de prêt. En tout, Paris a vendu pour 105 millions, suffisant pour échapper – pour l’instant – pour passer sous les fourches caudines de l’UEFA et du fair-play financier.
Dans le sens des arrivées, le trafic a été plutôt fluide. Gianluigi Buffon a signé libre de Turin début juillet et il a fallu attendre le 16 août pour la première recrue payante, à savoir le jeune défenseur allemand de Schalke 04, Thilo Kehrer. Une venue pour 37 millions qui porte la signature de Thomas Tuchel. A défaut d’obtenir la fameuse « sentinelle » demandée en milieu de terrain, le nouvel entraîneur du PSG a mis une coloration « Bundesliga » au mercato parisien avec l’arrière gauche Juan Bernat (acheté 15 millions au Bayern Munich) et l’inattendu Maxim Choupo-Moting. S’il est arrivé libre de Stoke City en Angleterre, l’attaquant camerounais est né en Allemagne et a évolué sous les ordres de Tuchel à Mayence entre 2012 et 2014.
Difficile de voir la patte du directeur sportif, Antero Henrique, dans ce mercato parisien. Le Portugais a bien tenté au dernier moment de glisser le nom de Renato Sanches – révélation de l’Euro 2016 en perdition depuis – la piste du milieu de terrain du Bayern a été abandonnée. Il était dit que le PSG serait raisonnable cet été.
Monaco, toujours aussi actif
Vendre cher et acheter beaucoup et jeune, l’AS Monaco ne dévie pas de sa ligne de conduite adoptée depuis quatre saisons. Depuis que Dmitri Rybolovlev (propriétaire russe du club) a réduit la voilure, l’ASM est devenue une place de négoce de joueurs. Officialisé vendredi, Nacer Chadli est la douzième et dernière recrue arrivée sur le Rocher. L’international belge détonne avec ses 29 ans, un vieillard au milieu des autres recrues dont la moyenne d’âge est de 21,5 ans. « Même s’il faut absolument des joueurs cadres, lancer de plus en plus de jeunes joueurs est la tendance », explique le vice-président Vadim Vasilyev.
En tout, Monaco a dépensé pour 140 millions. Le club pouvait se le permettre avec les 316 millions récupérés entre les transferts de Thomas Lemar, Fabinho et surtout les 135 millions récupérés de la vente différée de Kylian Mbappé au PSG. Si le Russe Aleksandr Golovin (acheté pour 30 millions au CSKA Moscou) est l’attraction principale, Willem Geubbels incarne parfaitement le projet monégasque. A 17 ans et du haut de ses sept minutes en Ligue 1, l’attaquant a été recruté pour 20 millions d’euros à Lyon. Maintenant charge à l’entraîneur, Leonardo Jardim, de « valoriser » une nouvelle fois cette jeunesse chèrement acquise tout en qualifiant l’ASM pour la prochaine Ligue des champions. Pour l’instant, la mayonnaise peine à prendre et Monaco reste sur deux défaites en trois journées de Ligue 1. Il faut peut-être déjà digérer ce mercato roboratif ?
Le vice-président de Monaco, Vadim Vasilyev, présente trois des nouvelles recrues de l’AS Monaco, le 20 août 2018 / ERIC GAILLARD / REUTERS
Fin de mercato agité pour Lyon
Dans le sens des arrivées comme des départs, l’OL a été le plus actif des « quatre gros » en cette fin de mercato. Mercredi, l’attaquant Mariano Diaz retournait au Real Madrid contre un peu plus de 20 millions d’euros. Le remplaçant du Dominicain était trouvé en la personne de Moussa Dembele, l’avant-centre français du Celic Glasgow. Mais l’affaire a bien failli capoter dans les dernières heures, les dirigeants écossais fermant la porte à un départ de l’international espoir. Le chèque de 22 millions paraphé par Jean-Michel Aulas a fini par les convaincre.
Histoire de ne pas être trop dépourvu en cas d’un échec de ce dossier, l’OL avait bloqué le départ de Maxwell Cornet vers Wolfsburg et signé pour 5 millions Lenny Pintor (18 ans) connu pour l’instant des supporteurs brestois et des suiveurs de la Ligue 2.
L’OL a connu moins de réussite sur son autre priorité de recrutement, à savoir l’arrivée d’un défenseur central. Le dossier Ruben Dias (Benfica) a traîné en longueur malgré les 35 millions mis sur la table. Ce qui aurait un record pour Lyon. A défaut du jeune international portugais, Lyon a opté pour le Belge Jason Denayer prêté entre la Turquie et l’Angleterre depuis trois saisons par Manchester City. Mais la principale recrue lyonnaise s’appelle Nabil Fékir. Tout prêt de rejoindre Liverpool début juin, le récent champion du monde sera encore lyonnais pour une nouvelle saison.
Marseille et le « grandtakan », saison 2
Dans un autre style que Plus belle la vie, c’est l’autre série marseillaise dont on ne compte plus les épisodes. Les supporteurs de l’OM l’ont surnommé – avec l’accent – « le grantakan ». La saison 1 s’était terminée dans les dernières minutes par l’arrivée de Kostas Mitroglou qui mesure 1 m 88. Si en 2017 il n’y a pas eu deux jours sans qu’un nouveau nom filtre dans la rubrique mercato, Mario Balotelli a tenu seul l’affiche cet été. Un long flirt de deux mois qui s’est achevé le 24 août quand l’Italien annonçait qu’il restait à Nice pour une troisième saison. Quelques jours plus tôt, le président marseillais Jacques-Henri Eyraud avait prévenu son homologue niçois, Jean-Pierre Rivère : « On va vous le laisser, il a l’air dur à gérer », comme le rapportait L’Equipe.
A défaut d’offrir Balotelli au Vélodrome – « c’était une opportunité et non une priorité » a-t-il répété –, Eyraud sortait son plus beau PowerPoint pour présenter les états de service du Néerlandais Kevin Strootman. Arrivé de l’AS Roma pour 25 millions, le milieu international pouvait apparaître comme un achat de consolation auprès des supporteurs olympiens après l’échec du dossier Balotelli. Cette signature prouve surtout que le principal décideur en matière de recrutement à l’OM, s’appelle Rudi Garcia et non le directeur sportif, Andoni Zubizarreta. L’entraîneur marseillais a pesé dans la venue d’un joueur qu’il a dirigé à Rome. Le défenseur Duje Caleta-Car (remplaçant avec la Croatie lors du dernier Mondial) et l’ailier serbe Nemanja Radonjic complètent le casting.
Mario Balotelli le 22 août 2017 sous le maillot de Nice / Claude Paris / AP
Recruter malin en attendant les nouveaux droits télés
Dès 2020, les clubs de Ligue 1 se répartiront plus d’un milliard d’euros par an, grâce au récent contrat signé par la LFP avec Mediapro. En attendant le pétrole, il s’agit d’avoir des idées et d’acheter malin, surtout quand on n’est pas un membre du « Big Four » à la française. Champion des « autres équipes », Rennes (5e) s’est attaché les services de Clément Grenier qui s’était relancé à Guingamp après plusieurs saisons gâchées par les blessures. Les Bretons devraient officialiser ce week-end l’arrivée d’un autre éternel espoir du football français, Hatem Ben Arfa, libre de tout contrat après sa dernière saison au PSG passée à regarder des matchs en tribune présidentielle.
D’autres clubs font aussi du neuf avec du vieux et des anciennes connaissances de la Ligue 1. C’est le cas de Caen avec l’attaquant Claudio Beauvue (prêté par le Celta Vigo), Toulouse qui tire Stéphane Mbia (champion de France avec l’OM en 2010) de sa préretraite en Chine. Nantes a cassé sa tirelire avec la signature du Belge, Anthony Limbombe, acheté 10 millions d’euros en provenance du FC Bruges.
Et quand on dispose d’un des plus petits budgets comme Amiens, il faut bien tenter des paris. Ganso est arrivé vendredi soir en Picardie, prêté par le FC Séville. Ex-grand espoir du football brésilien, l’ancien coéquipier de Neymar à Santos était annoncé avec insistance du côté du PSG tout juste passé sous pavillon qatarien. C’était… à l’été 2011.