Les conservateurs britanniques craignent d’être infiltrés par la base par des « extrêmistes »
Les conservateurs britanniques craignent d’être infiltrés par la base par des « extrêmistes »
Les tories font face à un afflux de nouvelles adhésions. Certains soupçonnent des partisans du « Brexit dur » de vouloir infiltrer le parti pour influencer sa ligne politique.
Les tories font face à un afflux de nouvelles adhésions. Certains soupçonnent des partisans du « Brexit dur » de vouloir infiltrer le parti pour influencer sa ligne politique. / OLI SCARFF / AFP
Le parti conservateur britannique est-il victime d’une tentative d’entrisme massif ? Depuis le début de l’été, des milliers de personnes ont demandé à rejoindre les rangs du parti de la première ministre Theresa May. Un phénomène que les europhiles en particulier voient d’un mauvais oeil, redoutant que ces nouveaux membres tentent de faire bouger les lignes au sein d’une formation divisée entre ceux qui veulent une rupture nette avec l’Union européenne et les partisans du maintien de liens étroits.
« Il y a clairement un afflux de gens qui rejoignent le Parti conservateur, mais dans quel but c’est impossible à dire », s’interroge Dominic Grieve, un député pro-européen. Dans sa circonscription de Beaconsfield, une centaine de personnes viennent de s’inscrire, et le député se dit « sûr » que certaines d’entre elles ont pour objectif de le renverser.
Grossir les rangs en vue d’une éventuelle élection
L’appel lancé par l’homme d’affaires Arron Banks, cofondateur et argentier du mouvement pro-Brexit Leave.EU, le conforte lui et d’autres députés europhiles dans cette crainte. M. Banks a en effet exhorté les quelque 90 000 membres de son mouvement et 1,4 million d’abonnés sur les réseaux sociaux à rejoindre les conservateurs pour favoriser l’élection d’un chef de parti favorable à un Brexit « dur » au cas où Mme May, dont la position est très fragile, viendrait à démissionner. Le règlement des tories autorise en effet tout membre depuis au moins trois mois à participer à l’élection de son chef parmi deux candidats choisis par les députés conservateurs.
« Une rébellion de la base du Parti conservateur est possible. Un nouveau dirigeant peut être porté au pouvoir et le bon sens peut l’emporter. Notre objectif est d’unir la droite », a écrit Arron Banks la semaine dernière dans le Sunday Times.
Un engougement « presque inévitable »
Sa propre adhésion vient cependant d’être retoquée par les instances dirigeantes des tories, tandis que la députée conservatrice europhile Anna Soubry a réclamé aux responsables du parti de « faire preuve de courage et de détermination pour mettre fin à l’infiltration extrémiste ».
Interrogé par l’AFP, un porte-parole des tories a refusé de commenter les déclarations d’Arron Banks et de donner les chiffres d’adhésion. Selon une source au sein du parti, elles ont progressé « de manière régulière grâce à une campagne de recrutement ». Un nouveau système d’adhésion centralisé et la nomination de nouveaux directeurs de campagne avec pour mission d’attirer de nouveaux membres, auraient aussi joué.
Pour Tim Bale, professeur de politique à l’Université Queen Mary de Londres, l’engouement des « brexiters » à rejoindre les Conservateurs était « presque inévitable ». Il estime qu’avec ces nouvelles recrues, les tories, qui revendiquent aujourd’hui environ 124 000 membres, pourrait atteindre 140 000 personnes.