Extrait du programme de la télévision russe « Moscou. Kremlin. Poutine. » / D.R.

Les téléspectateurs russes ont pu découvrir, dimanche 2 septembre, un nouveau programme hebdomadaire au nom évocateur, « Moscou. Kremlin. Poutine », entièrement dédié aux activités – forcément remarquables – de leur président. Le dirigeant russe, déjà omniprésent dans les journaux télévisés des différentes chaînes, voit ainsi ses occupations de la semaine écoulée passées au crible en prime time, sur la chaîne publique Rossia-1.

Fin de l’été oblige, la première édition de ce programme d’une heure, présenté par l’animateur vedette Vladimir Soloviev, a été largement consacrée aux vacances sibériennes de M. Poutine, « images exclusives » à l’appui. La traditionnelle mise en scène d’un président plein de santé face à la nature sauvage prend une autre ampleur grâce à des témoignages eux aussi exclusifs.

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Pendant que Poutine évoque un simple « exercice », l’un de ceux qui l’ont accompagné dans sa randonnée de 8 km en montagne se plaint que ses jambes « sont encore douloureuses plusieurs jours après ». « Mais qu’en est-il de sa sécurité ? » s’interroge l’animateur après s’être extasié sur « l’excellente forme » du président. Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin présent en plateau, assure le service après-vente. « Les gardes du corps sont armés de manière adéquate, juste au cas où. Mais si des ours voient Poutine, ils ne sont pas idiots, ils savent se tenir. »

Popularité en berne

L’apparition de ce programme dans un paysage audiovisuel déjà saturé par la figure présidentielle survient à un moment délicat pour le Kremlin. Une impopulaire réforme des retraites, annoncée en catimini le jour de l’ouverture du Mondial de football, a fait plonger la popularité du président à son niveau le plus bas depuis quatre ans (67 % d’opinions favorables). « Moscou. Kremlin. Poutine » réussit le tour de force d’évoquer le sujet, ainsi que « le sens de la responsabilité » du président, mais sans mentionner les manifestations régulièrement organisées contre la réforme.

Place, plutôt, à diverses rencontres avec des travailleurs ou des jeunes gens lors desquelles Vladimir Poutine fait montre de son amour du pays et de sa sagesse bienveillante. L’une d’elle, à Sotchi, inspire au présentateur Soloviev ce commentaire : « Quand Poutine parle à un enfant ou regarde un enfant, on voit à quel point il aime les enfants. Il a une attitude humaine et sincère envers eux. » Dmitri Peskov, le porte-parole du Kremlin, le reprend : « Poutine n’aime pas seulement les enfants, il aime les gens en général. »