Irak : le gouvernement empêtré dans une crise politique, la contestation se poursuit à Bassora
Irak : le gouvernement empêtré dans une crise politique, la contestation se poursuit à Bassora
Alors que le mouvement social se poursuit à Bassora, où douze personnes sont mortes la semaine dernière, le premier ministre Haïder Al-Abadi est de plus en plus fragilisé.
Le premier ministre irakien Haïder al-Abadi, le septembre devant le Parlement. / Karim Kadim / AP
Les manifestations meurtrières qui ont lieu depuis plusieurs jours à Bassora vont-elles entraîner la chute du premier ministre irakien, Haïder Al-Abadi ? Les deux listes parlementaires arrivées en tête aux élections législatives de mai ont réclamé, samedi 8 septembre, la démission du chef du gouvernement.
M. Abadi, qui pouvait jusqu’ici prétendre à conserver son poste grâce à son accord avec la liste du populiste Moqtada Sadr (La Marche pour les réformes), a été lâché samedi par son allié alors que celui-ci a tenté de s’expliquer devant le Parlement sur les événements de ces derniers jours qui se déroulent à Bassora où une contestation prend de plus en plus d’ampleur. Douze manifestants ont été tués et de nombreuses institutions ont été incendiées dans cette ville pétrolière du sud.
Mais les députés de cette liste ont jugé « peu convaincantes » les réponses du premier ministre devant le Parlement et lui ont demandé de « s’excuser auprès du peuple irakien et de démissionner ». Peu après, la liste rivale, l’Alliance de la Conquête, qui rassemble d’anciens combattants antijihadistes, s’est dit « sur la même longueur d’onde que la Marche pour les réformes pour former un nouveau gouvernement », d’après son porte-parole.
« Bassora n’a jamais reçu d’argent »
Les manifestations durent depuis plusieurs jours à Bassorah. / HAIDAR MOHAMMED ALI / AFP
Depuis lundi, les deux partis assuraient avoir la majorité parlementaire nécessaire pour former le futur cabinet gouvernemental, provoquant une paralysie politique, aggravée par la situation tendue à Bassora, où les manifestants dénoncent l’incurie politique face au marasme social. Mais pour Montazer al-Karkouchi, coordinateur du rassemblement des jeunes de Bassora, « ces communiqués et ces réunions ne pourront jamais apaiser les habitants » la deuxième ville d’Irak. Ce qu’il faut aux habitants de Bassora, ce sont « des mesures concrètes à la mesure de la situation », a-t-il expliqué à l’Agence France-Presse.
Aux revendications de départ - la fin des pénuries d’eau et d’électricité, la création d’emplois et le limogeage des politiciens corrompus -, est venue s’ajouter une demande bien plus pressante encore. Depuis la mi-août, la population exige d’obtenir une eau propre à la consommation : celle distribuée par les autorités, polluée par l’eau de mer est devenue salée, causant l’hospitalisation de plus de 30 000 personnes, victimes d’intoxications. Malgré les promesses de plans d’urgence de milliards de dollars et d’investissements massifs faites en juillet, « Bassora n’a jamais reçu d’argent, aucun projet n’a été lancé et l’eau est toujours salée », assure M. Karkouchi.
Depuis le début des troubles en juillet, 27 personnes sont mortes dans le sud de l’Irak, dont 12 manifestants uniquement à Bassora cette semaine. Critiqués par les défenseurs des droits de l’Homme pour leur action lors des manifestations à Bassora, les ministres chargés des forces de l’ordre ont assuré au Parlement avoir procédé à un grand ménage parmi leurs troupes.