L’une des maisons construites par la fondation de Brad Pitt, Make It Right, dans le quartier de Ninth Ward à La Nouvelle-Orléans, en février 2013. / TIMOTHY A. CLARY / AFP

En 2008, trois ans après le passage de l’ouragan Katrina, Brad Pitt créait Make It Right, une fondation destinée à construire cent cinquante maisons neuves, jolies, durables et abordables à La Nouvelle-Orléans, dans le quartier de la ville qui avait été le plus meurtri par la catastrophe. Des photos de la star hollywoodienne posant au milieu des paysages dévastés venaient alors illustrer dans les médias ce programme auquel des architectes, tout aussi célèbres que lui dans leur domaine, les lauréats du prix Pritzker Shigeru Ban, Frank Gehry, Alejandro Aravena, Thom Mayne, pour ne citer qu’eux, avaient associé leur nom. Chacun avait envoyé une esquisse, la construction ayant ensuite été prise en charge par la fondation qui n’a pas hésité à prendre ses libertés, aussi bien sur le choix des matériaux que sur le design lui-même.

Dix ans après les premières mises en chantier, le résultat a, pour ceux qui ont acheté, le goût amer de la double peine. Problèmes de structure, toitures et planchers moisis, fuites aux plafonds, défaillances d’électricité, de plomberie, mauvaise qualité de l’air : les cent neuf maisons construites jusqu’à présent se dégradent à grande vitesse, imposant à leurs résidents un cadre de vie sinistre et une dévalorisation de leurs biens. En juin, l’une d’entre elles a même été détruite.

Brad Pitt lors d’un gala à Hollywod, en janvier 2018. / MICHAEL KOVAC / AFP

Une série de défaillances structurelles

Une procédure de « class action » a été déposée vendredi 14 septembre contre Make It Right, accusé d’avoir vendu « des maisons défectueuses et mal construites ». L’acte d’accusation fait état de « pratiques commerciales déloyales », de « ruptures de contrat », de « fraude ». Depuis qu’elle avait elle-même fait conduire un audit sur les maisons, la fondation de Brad Pitt aurait eu connaissance de toute une série de défaillances structurelles, de problèmes liés aux matériaux, mais les aurait dissimulés aux propriétaires pendant la période où ils pouvaient encore obtenir réparation en vertu du Louisiana New Home Warranty Act.

« Nous menons cette action en justice pour obtenir réparation (to make it right) », a déclaré Ron Austin, l’avocat des propriétaires, à la chaîne d’information américaine NBC News. L’histoire de cette communauté déshéritée qui s’insurge contre le système qui l’a flouée ferait, c’est la triste ironie de l’affaire, un scénario parfait pour Plan B, la société de production de Brad Pitt. Ses représentants n’ont, pour l’heure, pas souhaité faire de commentaire. La fondation Make It Right non plus.