Facebook met en scène sa « salle de crise » pour contrer d’éventuelles manipulations électorales
Facebook met en scène sa « salle de crise » pour contrer d’éventuelles manipulations électorales
Le réseau social est mis en cause depuis deux ans pour ne pas avoir su combattre des campagnes de désinformation, en particulier pendant la présidentielle américaine de 2016.
À quelques semaines des élections de mi-mandat aux États-Unis, le 6 novembre, Facebook met les bouchées doubles en terme de communication. Objectif : convaincre les utilisateurs et les pouvoirs publics que l’entreprise met tous les moyens en œuvre pour éviter de réitérer le fiasco de 2016 – le réseau social avait été exploité par un organisme de propagande proche du Kremlin afin d’influencer l’opinion publique avant l’élection américaine.
Depuis, Facebook enchaîne les annonces, savamment égrainées au fil des mois – (chasse aux faux comptes, contrôle renforcé des publicités politiques, dévalorisation des fausses informations, ETC). La dernière en date se veut spectaculaire : mercredi 19 septembre, le réseau social a annoncé la mise en place d’une « salle de crise » au cœur de son « campus » à Menlo Park, en Californie. Objectif affiché : déjouer « en temps réel » les tentatives de manipulation des élections. Elle devrait être opérationnelle pour l’élection présidentielle au Brésil, dont le premier tour est prévu pour le 7 octobre, et servira également à détecter les activités suspectes sur le réseau social autour des élections de mi-mandat aux Etats-Unis.
seven weeks from the U.S. midterm elections, Facebook is on a sprint to prepare against bad actors and foreign infl… https://t.co/XKwiz9aaIx
— MikeIsaac (@rat king)
Ce « centre de commandement » sera en mesure « de prendre des décisions en temps réel » en cas de « pire des scénarios », comme des afflux de messages trompeurs à l’approche des élections ou le jour même du scrutin, a expliqué Samidh Chakrabarti, responsable « élections et engagement civique » lors d’une conférence téléphonique destinée à la presse mercredi. Il a cité comme exemple des messages erronés indiquant que l’on pouvait voter par SMS, comme cela s’est produit lors de scrutins précédents.
Un vocabulaire militaire
Seulement voilà : à part la création d’une pièce consacrée, qu’apporte cette annonce de nouveau ? Pas grand-chose. Le terme « salle de crise » (« war room » ou « salle de guerre » en traduction littérale, un vocabulaire militaire) est soigneusement choisi pour afficher une mobilisation générale de Facebook sur le front de la guerre contre les manipulations de sa plateforme. Mais l’entreprise américaine n’a annoncé à cette occasion aucun nouveau changement dans son fonctionnement.
Dans un long texte sur les tentatives de manipulation d’élections publié la semaine dernière, Mark Zuckerberg, le patron de Facebook, avait assuré que le réseau social était « mieux préparé ». Pour autant, avait-il poursuivi, « nous faisons face à des adversaires sophistiqués et bien financés. Ils ne lâcheront pas et ils vont continuer à évoluer ».
Pour l’ex-responsable de la sécurité informatique de Facebook Alex Stamos, qui a quitté l’entreprise cet été, « il est bien trop tard pour réhabiliter de manière efficace la sécurité de nos élections pour les élections de mi-mandat de 2018, mais il y a [des mesures] qui peuvent être prises pour aider les Etats-Unis à empêcher des attaques en 2020 [année de la prochaine élection présidentielle] », écrivait-il dans une tribune traduite fin août dans Le Monde.
Comment Facebook peut influencer le résultat d'une élection
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