Des pluies torrentielles font cinq morts dans le nord-est de la Tunisie
Des pluies torrentielles font cinq morts dans le nord-est de la Tunisie
L’eau est montée jusqu’à 1,70 m à Nabeul. Dans la région, l’équivalent de six mois de précipitations est tombé en quelques heures.
Les pluies records qui ont fait cinq morts, les 22 et 23 septembre 2018, ont endommagé de nombreux ponts et routes à Nabeul, chef-lieu du gouvernorat. / FETHI BELAID / AFP
Des pluies diluviennes se sont abattues sur le cap Bon, péninsule du nord-est de la Tunisie, donnant lieu à d’impressionnantes inondations qui ont fait au moins cinq morts selon le dernier bilan, annoncé dimanche 23 septembre, et ont détruit routes, commerces et véhicules par dizaines.
L’eau est montée jusqu’à 1,70 m dans certains quartiers de Nabeul, chef-lieu du gouvernorat, où de nombreux ponts et routes ont été endommagés, après ces pluies records qui ont parfois constitué l’équivalent de plus de six mois de précipitations.
« L’essentiel aujourd’hui, c’est la réouverture des routes et l’aide aux sinistrés », a déclaré à la presse le premier ministre, Youssef Chahed, qui s’est rendu sur place. « Il y a des régions qui sont encore isolées », a-t-il souligné selon la radio privée Mosaïque FM. Un conseil ministériel restreint sera consacré cette semaine à la situation.
Dans la plupart des endroits, l’eau est rapidement redescendue, mais le bilan est monté à cinq morts après le décès, dimanche 23 septembre, d’un adolescent qui a été électrocuté, a indiqué le ministère de l’intérieur.
« Personne ne répondait »
« Il pleuvait depuis midi. A 16 heures, c’est devenu torrentiel, l’oued [Souhil] devant chez nous était bloqué par des arbres et l’eau a submergé le pont et débordé sur la route », a raconté à l’AFP Moncef Barouni, un habitant de Nabeul. En quelques dizaines de minutes, « l’eau a emporté la clôture, puis le local de la chaudière, la cuisine d’été et une partie du séjour », a-t-il poursuivi. « J’ai eu peur pour ma vie. »
M. Barouni a précisé être allé en famille « dormir à l’hôtel ». « Nous avions peur d’une autre vague », a-t-il raconté. « On n’avait aucune information, personne ne répondait, ni les numéros de secours, ni la compagnie d’électricité. » Autour de lui, pendant qu’il s’exprimait, des poteaux électriques tombés au sol baignaient toujours dans l’eau.
Après l’effondrement d’un pont à Bir Challouf, dans la banlieue de Nabeul, le 23 septembre 2018. La région a subi de violentes précipitations. / FETHI BELAID / AFP
Un jeune de 16 ans est mort électrocuté dimanche à Bou Argoub, à 45 km au sud-est de Tunis, a indiqué à l’AFP le porte-parole du ministère de l’intérieur, Sofiène Zaag. Dans la même localité, deux sœurs de 21 et 24 ans avaient été emportées par la crue soudaine, samedi soir, alors qu’elles sortaient de leur usine.
Deux hommes se sont noyés, l’un à Takilsa, à une soixantaine de kilomètres de Tunis, l’autre à Bir Bouregba, près de la station balnéaire de Hammamet, selon la même source.
Des commerçants ont pu constater dimanche matin l’ampleur des dégâts dans leurs boutiques, tandis que les réseaux téléphoniques sont restés coupés dans une partie de cette péninsule, située à une cinquantaine de kilomètres à vol d’oiseau de la capitale, Tunis. Dans la région, les cours seront suspendus dans certaines écoles lundi.
Manifestations de colère
Il a plu 200 mm sur Nabeul et jusqu’à 225 mm en quelques heures à Beni Khalled, dans le centre du cap Bon, a indiqué à l’AFP l’Institut national de la météorologie tunisien (INM). Il s’agit des plus importantes précipitations sur une si courte période depuis le début du suivi statistique, en septembre 1995, a précisé l’INM, assurant avoir lancé une alerte aux orages dès vendredi.
Des petites manifestations de colère ont éclaté dans le cap Bon, et le premier ministre a appelé au calme alors que d’imposants engins de déblayage et des pompes étaient en action. « Ces oueds sont laissés à l’abandon depuis des décennies, il n’y a aucun entretien », a critiqué un habitant de Bou Argoub, déplorant qu’on y trouve en temps normal arbres, ordures ou gravats. Sur les réseaux sociaux, des vidéos ont montré des flots puissants charriant des voitures et des pans entiers de chaussée.
Les inondations, fréquentes en automne, exaspèrent une partie de la population, qui reproche aux autorités de ne pas entretenir les systèmes d’évacuation et le lit des rivières.