Dans les futures séries Apple : pas de sexe, ni de violence, ni de drogue, ni de religion
Dans les futures séries Apple : pas de sexe, ni de violence, ni de drogue, ni de religion
L’entreprise, qui a toujours privilégié le divertissement « familial », détonne à Hollywood.
Une Apple TV. / Eric Risberg / AP
Pas de violence gratuite, le moins possible de scènes de sexe, pas de références religieuses, et pas de thèmes trop sensibles. Apple, qui a prévu de consacrer en 2018 1 milliard de dollars au développement de séries télévisées, a fait le grand ménage dans les projets sélectionnés pour Apple Music, son service de streaming, selon une longue enquête du Wall Street Journal parue le 22 septembre.
Les projets qui ont été stoppés ou en partie censurés sont légion, avec des modifications plus ou moins importantes. Night Shyamalan, qui réalise une série consacrée à un couple qui perd son enfant, s’est vu demander de retirer des crucifix du décor. Des gros mots ont été bipés dans les versions iTunes de Carpool Karaoke et Planet of the Apps. Vital Signs, une série biographique consacrée au rappeur Dr. Dre, a quant à elle été purement et simplement annulée. « C’est trop violent. Apple ne peut pas montrer ça », aurait dit le PDG d’Apple, Tim Cook, à Jimmy Iovine, le responsable d’Apple Music (et ce alors que Dr. Dre travaille pour Apple, en tant que fondateur de la marque Beats, rachetée par Apple en 2014).
Selon plusieurs témoignages anonymes d’employés de studios cités par le quotidien américain, les représentants d’Apple ont dit très clairement, dans les négociations avec les producteurs, qu’ils ne voulaient pas de séries « sensibles ». Un projet de série sur le médiateur d’une université américaine, traitant largement des thématiques du harcèlement sexuel après #MeToo, a ainsi été refusé par Apple. Le projet de série sur Dr. Dre a en revanche été accepté par Amazon, pour son service Prime Video.
Choix « familiaux »
La liste des séries validées par Apple illustrent largement le choix de l’entreprise de privilégier les thématiques « familiales ». Apple a par exemple signé des accords avec les producteurs du feuilleton télévisé pour enfants Sesame Street, pour une série de sport inspirée du très familial Friday Night Lights, ou encore un projet consacrée à la vie de la poétesse Emily Dickinson. Quelques projets détonnent cependant dans la liste, dont Shantaram, l’histoire d’un ancien drogué qui se rend en Afghanistan pour y faire du traffic d’armes.
Ces choix d’Apple sont en contradiction avec ceux de la plupart des autres diffuseurs de séries américaines, et les registres habituels d’Hollywood. HBO a connu un immense succès avec la très violente et très sexuelle adaptation de Game of Thrones ; Amazon a diffusé les dystopies dérangeantes The Handmaid’s Tale et Le Maître du haut château ; Netflix propose toute une panoplie de séries originales dans lesquelles il n’hésite pas à mettre en scène violence, drogue ou sujets sensibles.
Mais l’entreprise Apple a derrière elle une longue tradition de prudence quant à tout ce qui peut choquer. Dans les années 2000, l’entreprise avait édicté une politique de tolérance zéro envers la pornographie et la nudité sur l’App Store. Les vulgarités dans les textes affichés des morceaux diffusés sur Apple Music sont censurés. Des jeux vidéo à caractère politique, comme Papers, Please, ou contenant de la violence imagée, comme The Binding of Isaac ont été retirés de son magasin d’applications.