Le réalisateur Mohammad Rasoulof en 2017, à Cannes. / ALBERTO PIZZOLI / AFP

Le réalisateur iranien Mohammad Rasoulof, primé à Cannes, a été condamné, mardi 23 juillet, dans son pays à un an de prison ferme, a dénoncé mercredi le distributeur de son œuvre en France, en exigeant sa libération « sans plus tarder ».

Le réalisateur était déjà privé, depuis septembre 2017, de la possibilité de « circuler » librement, de « travailler » et de se rendre à l’étranger, son passeport lui ayant été « confisqué », selon Michèle Halberstadt, dirigeante d’ARP Sélection, distributeur en France d’« Un homme intègre ».

Et, après avoir été soumis à de « nombreux interrogatoires », il a été condamné mardi « à un an de prison ferme, suivi de deux ans d’interdiction de sortie du territoire et d’interdiction de se livrer à la moindre activité sociale et politique », a-t-elle dénoncé dans un communiqué transmis à l’AFP.

« Rasoulof est un artiste. Il est absurde de l’accuser de porter “atteinte à la sécurité” d’un Etat avec pour tout moyen une palette d’ombres et de lumières », a-t-elle ajouté. « Nous demandons instamment à ce que sa liberté lui soit rendue sans plus tarder afin qu’il puisse continuer à créer », a-t-elle conclu.

Un film qui dénonce la corruption des policiers iraniens

M. Rasoulof a obtenu le prix Un certain regard au 70e Festival de Cannes, en 2017, pour Un homme intègre (Lerd, soit « La lie », en persan). Ce long-métrage est inspiré d’une anecdote personnelle. Le réalisateur a subi un contrôle policier de routine qui s’est mué en demande de pot-de-vin. Il a été emprisonné quand il a porté plainte, preuves à l’appui, contre les fonctionnaires corrompus. Le film raconte l’histoire d’un homme à la vie simple qui tente de se battre contre la corruption d’une compagnie privée poussant des villageois à vendre leurs biens.

En 2011, M. Rasoulof avait déjà remporté le prix Un certain regard pour son film Au revoir. La récompense lui avait été décernée en son absence, alors qu’il lui était interdit de quitter son pays.

Et, dans la foulée, en octobre 2011, le réalisateur avait été condamné à un an de prison pour « activités contre la sécurité nationale et propagande », alors que le cinéaste Jafar Panahi recevait une condamnation à six ans de réclusion pour le même motif. La condamnation des deux hommes avait provoqué une vague de réprobation en Occident.