Le siège de l’organisation européenne pour la recherche nucléaire, à Genève. / FABRICE COFFRINI / AFP

Le CERN « a suspendu », lundi 1er octobre, sa collaboration avec un scientifique italien pour avoir assuré que la physique était une question d’hommes et accusé les femmes de prendre de plus en plus de postes grâce au débat sur la parité.

Vendredi, l’organisation européenne pour la recherche nucléaire (CERN) a organisé un atelier à Genève intitulé « Théorie des hautes énergies et genre », auquel Alessandro Strumia, scientifique italien de l’université de Pise, était invité. Plusieurs femmes scientifiques ayant participé à cet atelier l’ont ensuite accusé sur les réseaux sociaux d’avoir tenu des propos sexistes.

Dans sa présentation, Alessandro Strumia laisse entendre, à coups d’équations et de multiples graphiques, que les hommes font face à une discrimination croissante dans le domaine de la physique. Il explique que le rôle croissant des femmes dans les emplois liés à la physique n’est pas dû à leur qualification mais à la multiplication des débats sur les questions de genre et de parité.

Dans cette présentation, il déclare : « La physique a été inventée et construite par les hommes, on n’y entre pas par invitation. » Il affirme aussi : « La physique n’est pas sexiste envers les femmes. Mais la vérité n’a pas d’importance, parce que ça fait partie d’une bataille politique venant de l’extérieur. On ne sait pas qui va gagner. »

Seulement 20 % de femmes

Dans un communiqué, le CERN, dirigé par l’Italienne Fabiola Gianotti, « juge particulièrement choquante la présentation donnée par (ce) scientifique invité ». L’organisation précise ne pas avoir eu connaissance du contenu de la présentation avant l’atelier et indique avoir décidé de la retirer de son système d’archivage en ligne, « conformément à son code de conduite, en vertu duquel les attaques et insultes personnelles ne sont pas tolérées ».

« La diversité fait partie du CERN et est aussi l’une des valeurs fondamentales sous-tendant notre code de conduite. L’organisation est pleinement engagée dans la promotion de la diversité et de l’égalité, à tous les niveaux », fait-elle valoir.

Dans un second communiqué, le CERN a annoncé avoir « suspendu avec effet immédiat le scientifique en question de toute activité au CERN, dans l’attente d’une enquête sur l’incident de la semaine passée ».

L’organisation souligne que la présentation à l’origine de la polémique était l’une des 38 interventions prévues dans le cadre de cet événement, qui s’est tenu du 26 au 28 septembre à Genève, mais qu’elle « risque malheureusement d’occulter les importants messages et débats de cet atelier ».

Selon le CERN, le pourcentage de femmes travaillant au sein de l’organisation a très peu augmenté ces dix dernières années : elles continuent à ne représenter que 20 % environ de l’ensemble du personnel.