Le Québec passe à droite, débâcle des libéraux sortants
Le Québec passe à droite, débâcle des libéraux sortants
Coalition avenir Québec, la plate-forme dirigée par l’ancien homme d’affaires François Legault, va prendre les rênes du pouvoir dans la province.
François Legault, à Québec, le 1er octobre. / CHRIS WATTIE / REUTERS
Les Québécois ont porté pour la première fois au pouvoir lundi 1er octobre la Coalition avenir Québec (CAQ), un parti nationaliste non indépendantiste qui souhaite réduire la taille de l’Etat et l’immigration, tournant la page de près de quinze ans de gouvernement libéral quasi ininterrompu.
« Aujourd’hui on a marqué l’histoire, aujourd’hui il y a beaucoup de Québécois qui ont mis de côté un débat qui nous a divisés pendant cinquante ans », soit la question de l’appartenance ou non du Québec au Canada, a lancé, triomphal, François Legault, premier ministre désigné de la province, lors d’un discours à Québec. Cet homme d’affaires multimillionnaire a promis « un esprit de rassemblement, pour gouverner pour tous les Québécois », et a dit vouloir « travailler pour un Québec fort au sein du Canada ».
La CAQ, formation créée en 2011 par M. Legault, disposera de la majorité absolue à l’Assemblée nationale québécoise, avec 74 députés sur 125 selon des résultats préliminaires. Dans le précédent Parlement, dissous à la fin d’août, elle ne comptait que 21 sièges. Le premier ministre sortant, le libéral Philippe Couillard, a rapidement concédé sa défaite lundi soir et souhaité à M. Legault « tout le succès », depuis son fief du lac Saint-Jean.
Coup dur pour la famille politique de Justin Trudeau
Il s’agit d’un nouveau coup dur pour les libéraux, la famille politique du premier ministre fédéral, Justin Trudeau. En juin, ils avaient perdu l’Ontario, province la plus riche et la plus peuplée, au profit d’une autre formation conservatrice. Le Canada organise des élections législatives dans un an, et le scrutin s’annonce incertain pour M. Trudeau, dans un contexte de montée du nationalisme.
M. Trudeau a salué la victoire de M. Legault. « Ensemble, nous continuerons de défendre les travailleurs et les industries du Québec, de créer de bons emplois pour la classe moyenne et de bâtir une économie forte basée sur l’innovation, en plus de protéger l’environnement et de lutter contre les changements climatiques », a déclaré le chef de gouvernement canadien dans un communiqué.
Entre prospérité économique et quasi plein emploi, la campagne électorale n’a guère passionné les 8,4 millions d’habitants de la Belle Province. La participation a été d’environ 67 %, contre 71 % en 2014 et 74 % en 2012.
20 % d’immigrés en moins
Pour la première fois en plus de trente ans, la question de l’indépendance du Canada ne constituait pas un enjeu. Les partis favorables au fédéralisme canadien ont obtenu plus de 63 % des suffrages.
Le prochain premier ministre du Québec, François Legault, est un ancien ministre indépendantiste qui assure désormais ne plus vouloir se séparer d’Ottawa. Multimillionnaire, comptable de formation, il a fait fortune après avoir créé, en 1986, la compagnie aérienne Air Transat. La CAQ, qu’il a cofondée, promettait aux Québécois le « changement », la fermeté sur l’immigration, dont il veut réduire les seuils pour mieux intégrer les nouveaux arrivants, et une meilleure gestion des finances publiques.
M. Legault avait annoncé en campagne électorale vouloir, dès 2019, réduire de plus de 20 % le nombre d’immigrants admis au Québec chaque année. La Chambre de commerce de Montréal, la métropole du Québec qui concentre la moitié de la population et la majorité des immigrés, l’a exhorté lundi soir à « tenir compte de la nécessité d’élargir le bassin de main-d’œuvre qualifiée », alors que 100 000 emplois ne sont pas pourvus dans la province francophone, faute de candidats adéquats.