Vêtus en orange, couleur de l’Aquarius et des gilets de sauvetage, des milliers de personnes se sont rassemblées, comme ici à Marseille pour soutenir les opérations de sauvetage en mer de migrants en Méditerranée. / Claude Paris / AP

Vêtus en orange, couleur de l’Aquarius et des gilets de sauvetage, plusieurs milliers de personnes se sont rassemblées samedi 6 octobre en France et en Europe pour dénoncer la situation du navire humanitaire, privé d’immatriculation, et soutenir les opérations de sauvetage en mer de migrants en Méditerranée.

Dernier navire humanitaire présent en Méditerranée centrale, l’Aquarius est bloqué à quai à Marseille, faute d’immatriculation. Après Gibraltar en août dernier, les autorités maritimes panaméennes ont annoncé qu’elles allaient lui retirer son pavillon pour « non-respect » des « procédures juridiques internationales » concernant le sauvetage de migrants en mer.

Des manifestations étaient prévues dans une cinquantaine de villes françaises, mais aussi à Madrid, Bruxelles, Berlin et Palerme, à l’initiative de l’association SOS Méditerranée, pour réclamer « un pavillon pour l’Aquarius », « sauver le sauvetage en mer » et dénoncer « l’inaction criminelle » des gouvernements européens.

La mobilisation a été la plus forte à Marseille, siège de l’association SOS Méditerranée, avec entre 3 500 (police) et 10 000 (organisateurs) personnes réunies sur le Vieux-Port, au lendemain d’une opération coup de poing d’une vingtaine de militants identitaires qui ont envahi les locaux de l’ONG et déployé une banderole l’accusant d’être « complice du trafic d’êtres humains ».

A Paris, un millier de personnes se sont rassemblées place de la République, selon la Préfecture de police. Ils étaient environ 2 000 à Montpellier, plus de 600 à Rennes, 250 à Bordeaux et Lille, 200 à 300 à Biarritz, 150 à Lyon, ainsi qu’une centaine à Calais, bravant une interdiction de la mairie. Au total, l’association avance le chiffre de 40 000 et 50 000 manifestants en France.

« Rien de plus silencieux qu’un homme qui se noie »

Face à « l’impasse » dans laquelle se trouve l’Aquarius et « la volonté des états européens de criminaliser le travail des ONG en Méditerranée », « l’objectif est de faire appel aux citoyens et montrer que SOS Méditerranée tire sa légitimité de la société civile », a résumé à Paris l’administratrice et porte-parole de l’association, Sophie Rahal.

Si le nombre de départs a baissé, « le taux de mortalité a augmenté », rappelle-t-elle :

« En 2017, une personne sur 42 se noyait. Cet été, entre juin et septembre, c’est une personne sur 18 qui se noie. »

« Hissez haut nos valeurs », « c’est pas nous les pirates », « devoir d’assistance bafoué, naufrage de l’humanité », clamaient les manifestants à travers la France. « Il n’y a rien de plus silencieux qu’un homme qui se noie. Notre but aujourd’hui est de faire du bruit », explique Lise Valette, bénévole de l’association, à Montpellier.

« Les réfugiés et l’immigration sont l’un des grands défis que l’UE doit résoudre (et) cela ne pourra pas se faire de façon individuelle », c’est-à-dire chaque pays de son côté, estime Patricia Lara, étudiante en philosophie venue manifester sur la place Cibeles à Madrid.

Depuis le début des opérations de l’Aquarius en février 2016, 29 500 migrants ont été sauvés dans un peu plus de 200 opérations de sauvetage, selon l’association.