Le « design thinking » essaime dans l’enseignement supérieur
Le « design thinking » essaime dans l’enseignement supérieur
Par Béatrice Madeline
Vecteur d’innovation, inclusif et apprécié des recruteurs, cet outil fait l’objet de formations tant dans les universités que dans les écoles de commerce et d’ingénieurs.
ESCP Europe est l’une des écoles de commerce adeptes du design thinking. / ESCP via Campus
Qui n’a pas son module de « design thinking » ? Dans les business schools comme dans les écoles d’ingénieurs, difficile aujourd’hui d’échapper à une formation plus ou moins longue – de quelques jours à plusieurs semaines pour de véritables projets – consacrée au design thinking. Pourquoi cet engouement, débuté il y a une dizaine d’années, et qui ne se dément pas ?
« On s’est intéressé très tôt au design thinking parce que c’est un outil qui autorise l’interdisciplinarité, explique Valérie Chanal, directrice du programme Promising au sein de l’université Grenoble-Alpes. C’est aussi une méthode bien structurée, facilement compréhensible, qui se déroule en trois étapes : inspiration, recherche de solutions et mise en œuvre. »
Une méthode très itérative – on teste, on recommence… – et tournée vers l’action, à l’inverse des modes de réflexion qui ont traditionnellement cours dans l’université française. Ainsi, dans certains cursus de sciences politiques, les étudiants travaillent désormais sur le « design » des… politiques publiques : « On doit les former à être non seulement de bons producteurs de notes de synthèse mais aussi à savoir imaginer des solutions », remarque Valérie Chanal.
Face à une « transformation du travail qui s’oriente de plus en plus vers une activité de création », le design thinking permet de « passer d’une logique de management, le “faire faire”, à une logique de “faire vous-même” », renchérit Sylvain Bureau, professeur à l’ESCP Europe. Les étudiants, particulièrement dans la filière Entrepreneuriat de l’école parisienne, où le module est obligatoire, apprennent ainsi à « sortir des outils type PowerPoint pour aller concevoir et réfléchir autrement, en constatant directement l’impact de leurs projets ».
A Paris-Dauphine, les étudiants se frottent à cette technique au sein de huit programmes de master. « On apprend, on se relève, on améliore… Cela fait appel à un raisonnement différent du raisonnement linéaire qu’on a d’ordinaire », souligne Albert David, délégué à la transformation pédagogique et aux projets innovants.
Ainsi le design thinking apparaît de plus en plus fortement lié à tous les programmes d’innovation, comme à l’EM Lyon, où l’ensemble des étudiants, quel que soit leur cursus, passent dans des fab lab pour apprendre ou réapprendre à imaginer des solutions à toutes sortes de problématiques. Plus concrètement, « les entreprises apprécient de plus en plus de voir sur les CV des étudiants le fait qu’ils aient déjà une expérience en design thinking », ajoute Albert David.
Enfin, le design thinking a également cet intérêt qu’en faisant appel à des compétences et des modes de raisonnement novateurs, il est plus « inclusif ». Il permet donc de faire travailler ensemble des personnes venues d’horizons divers en les plongeant ensemble dans une grande marmite où tous se retrouvent à armes égales. Dauphine propose cette année, lors de sa « semaine d’intégration », des ateliers d’innovation destinés aux nouveaux étudiants.