Les étudiants en commerce séduits par l’entrepreneuriat social
Les étudiants en commerce séduits par l’entrepreneuriat social
Par Oriane Raffin
Parmi les élèves d’écoles de management, la conscience environnementale et sociale gagne du terrain… sans forcément infléchir les carrières.
Kevin Berkane, HEC, cofondateur de Kialatok, entreprise d’insertion en lien avec la diversité. / Kialatok
« Quand tu as la chance de faire des études, tu as la responsabilité de faire quelque chose qui te plaît et qui t’anime. » Ce qui fait vibrer Kevin Berkane, jeune diplômé de HEC de 28 ans, c’est l’entrepreneuriat social. En 2013, encore étudiant, il cofonde Kialatok, une entreprise d’insertion qui propose des formations en entreprise sur des sujets en lien avec la diversité (ethnique, religieuse ou culturelle), en s’appuyant sur des ateliers de cuisine.
Engagement associatif, spécialisation en entrepreneuriat social ou création de structures à impact positif, les élèves correspondent de moins en moins au cliché des requins aux dents longues qu’on leur colle hâtivement…
Le projet de Kevin Berkane, son envie d’entreprendre pour l’intérêt général, a mûri pendant sa scolarité. « Si on est sensible à l’entrepreneuriat social, on peut s’y initier via les associations », dit le jeune homme. Membre d’une structure de promotion du commerce équitable sur le campus de Jouy-en-Josas (Yvelines), il se souvient : « Nous étions responsables de tous les produits dérivés de l’école, que nous commandions à une entreprise de commerce équitable. Les assos étudiantes représentent un super outil pour mettre les mains dans le cambouis ! » Kialatok emploie aujourd’hui dix salariés dont trois en insertion.
Nombre d’étudiants d’écoles de commerce s’impliquent dans des projets : ventes de produits bio, brainstormings pour aider des entrepreneurs sociaux, levées de fonds pour des organismes de microcrédit… Les formules sont nombreuses, participant à la transformation de certaines écoles de commerce en terreau pour projets solidaires. « Il n’y a pas de rupture, mais une inflexion des attentes et des aspirations des étudiants. Elles s’expriment davantage », note Thierry Sibieude, titulaire de la chaire entrepreneuriat social à l’Essec, qui propose un parcours spécialisé à vingt-cinq étudiants chaque année. L’inspiration ne manque pas. Tristan Lecomte, le fondateur d’Alter Eco, pionnier du commerce équitable, est sorti de HEC. Tout comme l’un des créateurs de la marque de baskets responsables Veja : des « role models » chers à ces écoles, devenus synonymes de réussite.
Célestine Julien, 24 ans, étudiante à l’EM Lyon. / Marine Gibert
Certains n’hésitent donc plus à pousser la porte de ces antres de la finance et du business avec un projet à forte teneur sociale. Comme un prérequis. « On ne peut pas avoir un impact sur le monde si on ne comprend pas ces acteurs et les entreprises. Il faut pouvoir identifier les leviers d’action qui vont les faire changer », estime Célestine Julien, 24 ans, étudiante à l’EM Lyon.
De leur côté, entreprises classiques et économie sociale et solidaire sont à la recherche de tels profils. Les premières misent de plus en plus sur la responsabilité sociétale des entreprises (RSE), la seconde se professionnalise. « Nos profils sont recherchés car les associations sont structurées comme des entreprises. L’école nous a apporté des méthodes de travail, une technicité en matière de coordination et de gestion et une bonne capacité d’analyse stratégique », confirme Aurélie Bodet, 34 ans, diplômée de l’école de commerce de Rouen et passée par des postes de gestion sur le terrain pour Action contre la faim et la Croix-Rouge.
Mais l’envie ne fait pas tout. « Les valeurs et l’engagement sont très présents chez les étudiants, confirme Kevin Berkane, mais de là à en faire leur vie, c’est une autre décision. » En dernière année à l’EM Lyon, Célestine Julien fait actuellement face à un sacré dilemme : « Cela peut être compliqué d’avoir investi dans une belle école, pour un certain niveau de vie, et finalement y renoncer. Personnellement, je me dis que je préfère mettre plus de temps à rembourser mes études plutôt que de me renier. Mais ce n’est pas un choix évident non plus. » Tous ne le feront pas.
« Le Monde » organise son Salon des grandes écoles les 10 et 11 novembre
La 13e édition du Salon des grandes écoles (SaGE) aura lieu samedi 10 et dimanche 11 novembre à Paris, aux Docks, Cité de la mode et du design (13e arrondissement), de 10 heures à 18 heures.
Plus de cent cinquante écoles de commerce, d’ingénieurs, IAE, IEP, écoles spécialisées et prépas y seront représentées, permettant d’échanger sur les différents programmes et leur accessibilité (post-bac, post-prépa ou après un bac + 2, + 3 ou + 4). Lycéens, étudiants et parents pourront également assister à des conférences thématiques animées par des journalistes du Monde Campus. Une équipe de vingt « coachs » pourra également conseiller lycéens, étudiants et parents pour définir leur projet d’orientation, préparer les concours ou rédiger leur CV.
L’entrée en sera gratuite, la préinscription en ligne est conseillée pour accéder plus rapidement au Salon. Liste des exposants et informations pratiques sont à retrouver sur le site Internet du SaGE.