A la fin de 2017, Apple commercialise l’iPhone X, un smartphone au dessin bouleversé : son écran occupe presque toute sa façade. Cette sortie est le prétexte d’une brisure tarifaire, le prix du X allant se nicher à 1 150 euros. En septembre 2018, Apple pérennise ces ruptures tarifaires et esthétiques en lançant ses successeurs les iPhone Xs, dont certains modèles coûtent jusqu’à 1 660 euros.

Pour des clients moins fortunés, un autre iPhone, au dessin semblable, est commercialisé à partir de 850 euros, un tarif moins élitiste, plus proche de celui des générations précédentes. C’est l’iPhone Xr, disponible depuis le 26 octobre, que nous testons ici même en comparaison avec le Xs.

Est-ce un iPhone accompli ? Lorsqu’on soulève son capot, on trouve plusieurs pièces communes au Xs, dont le processeur, qui est le cœur du smartphone. Mais on note aussi que beaucoup d’autres pièces ont été changées. Au quotidien, la différence est-elle flagrante ?

Des photos presque aussi belles

L’iPhone Xr (à droite) n’embarque qu’un seul capteur photo. / NICOLAS SIX / LE MONDE

L’iPhone Xr est équipé du même capteur photo, du même objectif, et du même logiciel que le Xs. Ses photos sont donc rigoureusement identiques, sauf lorsqu’on zoome dans l’image. Le Xs se montre alors à son avantage grâce à son second appareil photo :

Le zoom du Xr (à droite) produit des images très floues, celui du Xs (à gauche) s’en sort beaucoup mieux.

Ce capteur photo complémentaire est équipé d’un objectif × 2, dont le Xr est dépourvu. Cela lui permet de voir plus loin, moins qu’un appareil photo compact toutefois, communément équipé d’un zoom × 5. Ce second objectif a une autre vertu : lorsqu’on photographie un portrait, le visage est moins déformé.

Les portraits au grand angle (à gauche) déforment le corps et le visage. Or le Xr ne dispose que d’un grand angle.

Un écran moins contrasté

Théoriquement, l’écran de l’iPhone Xs est nettement supérieur à celui du Xr. Sa technologie OLED affiche des noirs extrêmement profonds. Ses pixels sont plus nombreux que ceux de l’iPhone Xr.

En journée pourtant, on perçoit rarement une nette différence. C’est la nuit que l’OLED du modèle Xs brille, surtout quand l’éclairage artificiel est très faible. Lorsqu’on photographie la ville la nuit, l’image qui apparaît sur l’écran paraît plus nette, plus réelle, plus lisible. Elle n’éblouit pas les yeux et n’est pas recouverte du léger voile blanc qui gêne sur l’écran du Xr. L’expérience est beaucoup plus agréable.

Même chose lorsqu’on regarde un film ou une série aux images très sombres, tout particulièrement un space opera comme Star Wars : les images sont nettement plus spectaculaires sur l’iPhone Xs. A condition toutefois que la pièce soit peu ou pas éclairée. Certains jeux vidéo profitent aussi beaucoup du contraste spectaculaire de l’OLED.

Mais il s’agit là d’exceptions. La plupart du temps, l’écran du Xr est aussi agréable que celui du Xs. D’autant qu’il profite des mêmes technologies : le 120 Hz rend le défilement des sites Internet plus fluide, le Truetone corrige les couleurs pour qu’elles soient justes sous tous les éclairages.

Un certain embonpoint

L’iPhone Xr entouré des modèles premium, les Xs (à gauche) et Xs Max (à droite). / Richard Drew / AP

Comme la quasi-totalité des smartphones récents, l’iPhone Xr est un smartphone encombrant et difficile à piloter d’une seule main. Sa taille est comprise entre celle des deux modèles premium, le Xs et le Xs Max, comme le montre la photo ci-dessus. Malheureusement, autour de l’écran du Xr, les marges sont particulièrement épaisses. C’est de l’espace gâché, et cela nuit au confort en main.

La surface d’affichage du Xr est à peine plus grande que celle de l’iPhone Xs, son confort visuel progresse donc peu. Sa largeur, en revanche, s’approche plutôt de celle de l’iPhone Xs Max : son confort en main régresse donc nettement. Ces mensurations empâtées le rapprochent plutôt d’un smartphone Android moyen de gamme que d’un mobile premium.

Légèrement moins robuste

Quasiment toutes les générations d’iPhone ont eu une robe en aluminium. Avec la sortie de l’iPhone X en 2017, Apple s’est converti à l’acier chirurgical, un matériau rare dans l’univers des mobiles. Cet acier équipe aussi les nouveaux iPhone Xs, mais pas l’iPhone Xr, qui revient aux premières amours d’Apple avec ses pourtours en aluminium aéronautique. Selon un porte-parole d’Apple, ce choix serait motivé par des raisons esthétiques. Il pose pourtant plusieurs questions intéressantes.

L’aluminium permet-il à Apple d’économiser quelques euros ? C’est probable, car ce matériau est plus facile à usiner. L’aluminium fragilise-t-il le smartphone « économique » d’Apple ? Difficile d’en juger avec certitude, tant la variété des aluminiums aéronautiques et des aciers chirurgicaux est grande, mais c’est probable. Cela ne suffit pourtant pas à faire des Xs des smartphones plus solides, car Apple a probablement profité de la robustesse de l’acier pour affiner la structure des Xs afin de les rendre plus confortables en main.

L’aluminium du Xr (à gauche) est beaucoup plus doux que l’acier brillant du Xs (à droite). / NICOLAS SIX / LE MONDE

Le Xs résiste-t-il mieux aux griffes que le Xr ? Pas nécessairement, car si l’acier utilisé est probablement plus dur que l’aluminium, ce dernier est recouvert d’une couche protectrice très résistante. C’est seulement en cas de choc violent que cette couche se perce. Dans ce cas, l’acier du Xs se montre certainement plus résistant que l’aluminium du Xr. Le smartphone « économique d’Apple » est donc probablement plus sensible aux bosses et aux marques profondes.

Un choix de couleurs rafraîchissant

L’iPhone Xr est proposé en six coloris, dont trois teintes originales : le bleu, le saumon et le jaune. Ces trois coloris séduiront probablement une clientèle plus originale que les trois autres, le rouge, le blanc et le noir, beaucoup plus classiques. Les tranches en aluminium du Xr sont très douces au toucher comme au regard. Elles reprennent les couleurs originales de la coque, malheureusement très affadies. Mieux vaut voir le Xr en magasin avant de choisir un coloris.

L’acier des Xs brille comme un métal précieux. Choisir entre la finition luxueuse du Xs et l’esprit plus coloré des Xr est une affaire de goût, même s’il existe une vraie différence objective entre les Xs et le Xr. Les marges d’écran du modèle « économique » sont plus épaisses et cela alourdit un peu sa ligne.

Autour de l’écran du Xr (à droite) les marges sont très épaisses. Les marges du Xs Max (à gauche) sont plus discrètes. / NICOLAS SIX / LE MONDE

Conclusion

Le Xr est un excellent smartphone, ses photos sont très réussies, ses menus sont particulièrement limpides. Au quotidien, on remarquera peu de différences avec le Xs vendu 300 euros plus cher (et dont l’écran s’avère un peu plus agréable le soir, et les portraits sont souvent un peu plus réussis). Un peu plus confortable en main, le Xs ne résiste probablement pas mieux aux gros chocs, mais sa coque en acier marque moins les petites chutes.

Pour beaucoup d’utilisateurs, ces petits défauts ne justifieront pas une rallonge de 300 euros. En revanche, pour les passionnés de technologie, ces petits compromis sont difficiles à avaler.

L’iPhone Xr à 850 euros est plutôt pour vous si :

– vous faites confiance aux choix d’Apple ;
– simplicité et limpidité sont des maîtres mots ;
– vous n’aimez pas dépenser sans compter.

Pensez plutôt à l’iPhone Xs à 1 150 euros si :

– vous photographiez beaucoup de portraits ;
– votre main est menue ;
– vous avez un faible pour le luxe.

Voire au Xs Max à 1 250 euros si :

– vous êtes gros consommateur de vidéos et de jeux 3D ;
– à vos yeux, un smartphone est un objet statutaire ;
– votre vision de près n’est pas parfaite.

Vous pouvez aussi choisir un iPhone 8, qu’Apple commercialise toujours à 680 euros, si :

– vous êtes imperméable aux modes ;
– vous n’avez souvent qu’une main à consacrer à votre mobile ;
– vous pensez qu’Apple devrait baisser ses prix.

Enfin, vous pouvez aussi vous renseigner sur la concurrence Android si :

– vous cherchez le meilleur rapport qualité-prix ;
– vous n’avez pas peur de bousculer vos habitudes ;
– vous acceptez que Google accumule des informations sur vous.