Cameroun : une cinquantaine de militants d’opposition arrêtés
Cameroun : une cinquantaine de militants d’opposition arrêtés
Le Monde.fr avec AFP
Des proches de l’opposant Maurice Kamto, qui conteste les résultats de la présidentielle du 7 octobre, ont été arrêtés samedi à Douala lors d’une marche non autorisée
Des militants du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) à Yaounde le 8 octobre. / ZOHRA BENSEMRA / REUTERS
Une cinquantaine de militants du parti de l’opposant Maurice Kamto, qui conteste les résultats officiels de la présidentielle camerounaise du 7 octobre, ont été arrêtés samedi 27 octobre à Douala (dans l’ouest du Cameroun) lors d’une marche non autorisée.
« Ce jour, arrestations massives des militants (Me Michèle Ndoki et une cinquantaine d’autres) et sympathisants manifestant pacifiquement », a posté sur Facebook Olivier Bibou-Nissack, porte-parole de l’ex-candidat à l’élection du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC).
M. Kamto est arrivé deuxième à la présidentielle avec 14,23 % des suffrages, derrière Paul Biya, 85 ans, réélu pour un septième mandat avec 71,28 % des voix. L’opposant ne reconnaît pas les résultats officiels et revendique la victoire.
« Résistance nationale au hold-up électoral »
Vendredi soir, un tract non signé a circulé sur les réseaux sociaux appelant à la « résistance nationale au hold-up électoral », appelant notamment à marcher samedi à Douala. C’est durant cette marche que les militants du MRC ont été arrêtés.
Parmi les personnes arrêtées figure Me Michèle Ndoki, l’un des avocats de Maurice Kamto qui avait plaidé devant le Conseil constitutionnel pour dénoncer des « fraudes massives et systématiques ». « Ils sont détenus à la Police judiciaire [du quartier] Bonanjo » de Douala, a affirmé auprès de l’Agence France-Presse (AFP) Paul-Eric Kingue, poids lourd du camp Kamto et ancien directeur de campagne du candidat.
« Le siège du MRC à Douala a été saccagé », a affirmé M. Kingue. « Le siège du MRC à Douala pris d’assaut en ce moment même par des hommes en tenue », a de même posté sur les réseaux sociaux M. Bibou-Nissack. « Le siège est en cours de mise à sac et de destruction ».
Vendredi, le ministre de l’administration territoriale, Paul Atanga Nji, avait prévenu que « toutes les tentatives de troubles à l’ordre public seraient traitées avec la plus grande fermeté ». « L’administration a jusqu’à lors fait preuve de retenue. Il est toutefois de mon devoir de prévenir que désormais nous n’allons tolérer aucun désordre », a déclaré le ministre.
« Avec la proclamation des résultats [de la présidentielle, lundi], le processus est terminé », a ajouté M. Atanga Nji en précisant que « les manifestations publiques doivent désormais se dérouler dans les conditions prévues par la loi ».
L’organisation de ces manifestations est soumise à une procédure de déclaration préalable auprès des autorités. Mais les demandes introduites par l’opposition et la société civiles se soldent très souvent par des interdictions.
Les Etats-Unis avaient de leur côté estimé lundi que des irrégularités lors du scrutin présidentiel au Cameroun faisaient douter de la crédibilité de la victoire de Paul Biya, appelant toutes les parties à régler leurs différends par les voies légales.