L’essayiste Raphaël Glucksmann lors du premier meeting de son mouvement Place publique à Montreuil, le 15 novembre. / JOEL SAGET / AFP

Ils sont venus, ils étaient tous là. Pour le premier meeting de Place publique, le mouvement « citoyen », lancé notamment par l’essayiste Raphaël Glucksmann et l’économiste Thomas Porcher, la « gauche non mélenchoniste » s’était donné rendez-vous à Montreuil (Seine-Saint-Denis) jeudi 15 novembre soir. Dans l’assistance, on pouvait croiser Guillaume Balas (eurodéputé Génération. s, le mouvement de Benoît Hamon) ; l’ancien maire communiste de Saint-Denis Patrick Braouezec ; Stéphane Troussel, président (PS) du conseil départemental de Seine-Saint-Denis ; l’ancien ministre socialiste de l’écologie ; Julien Bayou, candidat déclaré d’Europe Ecologie Les Verts (EELV) à la mairie de Paris… Mais aucun membre connu de La France insoumise.

Des célébrités avaient aussi fait le déplacement comme Bérénice Béjo et Michel Hazanavicius ; Emmanuelle Béart ou encore Samuel Le Bihan. Beaucoup de gens n’ont pas pu rentrer dans la salle de La Marbrerie, louée pour l’occasion. Les organisateurs voulaient montrer leur capacité à rassembler sur quelques idées-forces : « Europe, démocratie, justice sociale et écologie ».

Plusieurs personnes se sont succédé à la tribune pour développer le projet de Place publique : un mouvement horizontal, écologiste et de gauche. Raphaël Glucksmann avouait d’ailleurs être « un peu stressé » face au succès de son initiative. « Nous vivons un moment de bascule, notamment écologique, a lancé le jeune auteur. On va construire une grande maison ouverte sans gardien de boîte de nuit. Face aux tentations autoritaires on va assumer plus de démocratie. Face à la montée de la xénophobie on va défendre l’accueil des migrants. Il ne faut jamais penser à ce qui serait électoralement payant. Le défi est immense. » Et de continuer en développant l’urgence du combat contre le réchauffement climatique et contre les populismes de « Trump, Salvini, Poutine, Erdogan et du Brexit ».

Thomas Porcher, de son côté, a assuré que « le monde ne va pas bien ». Et de haranguer les 600 personnes présentes : « Vous n’arrivez pas a vous habituer aux SDF, vous ne pouvez pas accepter qu’un être humain qui a quitté son pays et que l’on parle de trou d’air, de statistiques… Mais qu’est ce que c’est que ce monde ? On est jamais de trop pour lutter contre l’injustice sociale ! »

« Maison commune »

Jo Spiegel, le maire de Kingersheim (Haut-Rhin) a tenu à défendre son modèle de démocratie directe qu’il applique dans sa ville. N’hésitant pas à citer plusieurs références intellectuelles, comme Hannah Arendt, Jean Jaurès ou Pierre Mendès France, il a défendu une « approche consolidée du monde, de la personne sur le système, du citoyen sur l’individu. C’est un chemin difficile, subversif. C’est celui de la démocratie. » Il ne s’est pas privé de décocher quelques flèches en direction de Jean-Luc Mélenchon et de Marine Le Pen. « Nous défendons une radicalité. Nous ne sommes pas de ceux qui crient plus fort ou qui instrumentalisent les peurs. »

L’activiste écolo Claire Nouvian a, quant à elle, dénoncé « la consanguinité entre les lobbys et le pouvoir ». S’adressant au millier d’adhérents revendiqués par Place publique, elle a fustigé le « capitalisme qui nous mène au bord du gouffre ». Elle complète : « Rien n’est fatal. Ce qui est fatal, c’est être dans l’inaction. Au pire on passera pour des imbéciles, si on se plante ce n’est pas grave. Le “vous” doit devenir “nous”, une force citoyenne puissante, une force majoritaire. » Rendez-vous est d’ores et déjà pris pour d’autres initiatives, en France, afin de consolider un mouvement très jeune − à peine une semaine d’existence. Avec, en ligne de mire, la possibilité de présenter une liste d’union aux élections européennes de mai 2019.