Formule 1 : le retour de Robert Kubica chez Williams, coup dur pour Esteban Ocon
Formule 1 : le retour de Robert Kubica chez Williams, coup dur pour Esteban Ocon
Par Catherine Pacary
En titularisant le Polonais huit ans après son accident de rallye, Williams ferme une porte de plus au Français, à la veille de l’ultime Grand Prix d’Abou Dhabi.
Le pilote Williams Robert Kubica, le 22 novembre à Abou Dhabi. / GIUSEPPE CACACE / AFP
« On travaille très dur pour faire en sorte qu’Esteban Ocon reste en formule 1 l’an prochain avec nous », assurait Claire Williams, patronne de l’écurie britannique du même nom, en marge du Grand Prix des Etats-Unis le 18 octobre. Six jours auparavant, elle avait annoncé l’arrivée de George Russel, un Britannique de 20 ans, actuel leader du championnat de formule 2 (formule d’accès à la F1). Jeudi 22 novembre, Williams Racing a confirmé le retour de son actuel pilote d’essais, le Polonais Robert Kubica, comme titulaire en F1 pour 2019, à la veille de l’ultime Grand Prix de la saison, dimanche 25 novembre à Abou Dhabi.
We can also confirm our driver line-up for the tyre test here in Abu Dhabi #AbuDhabiGP 🇦🇪 https://t.co/aQxueTNHU8
— WilliamsRacing (@WILLIAMS RACING)
Une porte de plus se ferme ainsi pour Esteban Ocon, après Renault, Mercedes, Haas et Force India – rebaptisée Racing Point FI depuis le rachat cet été par un consortium emmené par Lawrence Stroll. Actuellement 11e au classement des pilotes, meilleur classé français devant Pierre Gasly (Toro Rosso, 15e) et Romain Grosjean (Haas, 13e), Esteban Ocon se retrouve, pour l’instant, sans baquet pour 2019.
L’investissement de Lawrence Stroll chez Force India permet en effet à son fils Lance, actuellement chez Williams, de rejoindre la nouvelle équipe a priori plus prometteuse. Parallèlement, Racing Point FI favoriserait le maintien de Sergio Perez (8e) dans le second baquet, plus rémunérateur qu’un Esteban Ocon sans fortune personnelle.
« La route a été longue »
La qualité du line up (« pilotes alignés ») de Williams n’est pas en cause. D’un côté, George Russell, 20 ans, un des deux « produits » de la filière Mercedes (avec Esteban Ocon justement), aborde ce week-end sa dernière course de la saison en formule 2 avec une marge confortable de 37 points sur son dauphin Alex Albon (prochain pilote de formule électrique Nissan E.Dams, en 2019, au côté de Sébastien Buemi) et 51 points sur Lando Norris, qui, lui, rejoindra Carlos Sainz Jr. chez McLaren la saison prochaine.
Robert Kubica revient quant à lui comme titulaire dans l’élite huit ans après avoir été grièvement blessé, à la main et au bras, en février 2011, lors d’un petit rallye en Italie. L’accident avait stoppé net la carrière du pilote BMW-Sauber (2006-2009) passé chez Lotus Renault en 2010 – avec pour meilleur classement une 3e place au général de 2008.
Après des essais en 2017 avec son ancienne équipe Renault, Robert Kubica assure depuis cette saison le poste de pilote essayeur pour Williams. Visiblement, son niveau a convaincu l’écurie de Grove.
A 33 ans, il mesure l’enjeu : « La route a été longue. (…) Ce retour est l’une des plus belles nouvelles de ma vie, confie le Polonais dans le communiqué de Williams du 22 novembre. Ce ne sera pas simple, mais avec travail et dévouement, nous pouvons faire un gros travail avec George [Russell]. »
Première saison complète pour Esteban Ocon en F1 en 2017 chez Force India (ici à Monza, lors du Grand Prix d’Italie). / MAX ROSSI / REUTERS
« J’ai faim »
Restent les non-dits qui entourent la situation d’Esteban Ocon. « Une des raisons pour lesquelles nous avons signé avec George [Russell], c’est parce que c’était pour plusieurs années et qu’on pouvait donc construire autour de lui », justifiait en septembre Claire Williams.
Esteban Ocon paye d’une certaine façon ses liens privilégiés avec la meilleure écurie du plateau, la plus enviée aussi. Sa fidélité à Toto Wolff, patron de Mercedes, lui a fermé beaucoup de portes, chez McLaren, Haas, Toro Rosso et Renault, comme l’expliquait à la fin d’août Cyril Abiteboul au Monde.
Après son accrochage avec le leader de Red Bull, Max Verstappen, le 11 novembre, et ses excuses obligées, Mercedes ne lui proposerait qu’un volant de pilote essayeur – une année pour apprendre.
« Ce n’est pas le pire moment de ma carrière, mais c’est clair que j’ai été trop de fois dans une situation difficile, déclarait Esteban Ocon le 9 octobre. J’ai faim. J’ai faim de résultats. J’ai faim de victoires, et je veux devenir champion du monde de formule 1. »
Le pilote ne veut penser qu’à cela alors qu’il s’apprête à courir, dimanche, ce qui devrait être son dernier Grand Prix avec Racing Point FI. Un rendez-vous qu’il n’a pas l’intention de rater.