Jean-Claude Arnault arrive à son procès en appel, le 14 novembre 2018. / Jonas Ekstromer / AP

La condamnation, en Suède, du Français Jean-Claude Arnault a été alourdie en appel, lundi 3 décembre – la cour l’ayant déclaré coupable de deux viols et non d’un seul.

En première instance, début octobre, il avait été condamné à deux ans de prison pour un seul viol et acquitté pour l’autre. La cour d’appel l’a finalement reconnu coupable du second viol et a alourdi sa peine de six mois de prison supplémentaires.

Jean-Claude Arnault, 72 ans, nie les deux viols. Ce photographe et directeur artistique de profession – inconnu en France mais célèbre en Suède, où il vit depuis une cinquantaine d’années – soutient que les relations sexuelles avec son accusatrice, à deux reprises en 2011, étaient consenties.

Dans le sillage du mouvement #metoo

Le scandale a éclaté en novembre 2017, dans le sillage du mouvement #metoo, un mois après les révélations sur les viols et les autres agressions sexuelles imputés au producteur de cinéma américain Harvey Weinstein.

Dix-huit femmes, dont la plaignante, témoignent dans le quotidien Dagens Nyheter des viols, agressions sexuelles et faits de harcèlement, dont elles se disent victimes de la part du Jean-Claude Arnault.

Le Français entretenait des liens étroits avec l’Académie suédoise – qui décerne depuis 1901 le prix Nobel de littérature. Epoux de Katarina Frostenson, qui siégeait au sein de l’Académie jusqu’à sa démission au mois d’avril, était par ailleurs le directeur artistique de Forum, un club très sélect qu’il avait créé en 1989 et où se côtoyaient éditeurs, écrivains, dramaturges ou musiciens en vue, mais également de nombreuses jeunes femmes. Il recevait de généreux subsides de l’Académie suédoise et se vantait d’être le « 19e membre » de l’Académie.

Ses accusatrices affirment que l’académie connaissait ses écarts de conduite, mais que l’influente institution faisait régner une « culture du silence » dans les cercles culturels de Stockholm.

Le Nobel de littérature reporté en 2018

Sa mise en cause par la justice suédoise a conduit plusieurs des 18 membres de l’Académie de Suède à démissionner. Tombé à dix membres, il en manque deux pour réunir le quorum qu’exigent les statuts, afin que l’Académie puisse les remplacer et, partant, désigner un nouveau Nobel de littérature.

L’Académie suédoise avait donc été contrainte de reporter d’un an l’annonce du Nobel de littérature 2018, une première depuis soixante-dix ans.