De gauche à droite : le président de la Commission de l’Union africaine Moussa Faki Mahamat, le chancelier autrichien Sebastian Kurz, le président rwandais Paul Kagame et le président de la Commisson européenne Jean-Claude Juncker, réunis à Vienne le 18 décembre 2018 lors d’une conférence Europe Afrique. / HANS PUNZ / AFP

Des dirigeants européens et africains ont appelé mardi 18 décembre les entreprises du secteur privé à investir davantage en Afrique, un continent qui n’a pas besoin de « charité » mais de croissance pour notamment endiguer les flux migratoires. « Je voudrais dire à ceux qui représentent nos entreprises (…) : soyez audacieux, investissez davantage en Afrique ! », a lancé le président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker, à Vienne, lors d’un forum sur la coopération économique entre l’Union européenne (UE) et l’Afrique.

L’Europe compte pour 40 % des flux d’investissements directs étrangers vers l’Afrique et reste le premier partenaire commercial du continent, avec, selon la Commission, 243,5 milliards d’euros d’échanges commerciaux en 2017. Mais « nous pouvons et nous devons faire plus » en mobilisant « davantage de sources de financement et en encourageant nos entreprises européennes à être plus présentes sur le continent africain », a ajouté M. Juncker. « Seuls des investissements importants pourront générer une croissante suffisante et les emplois à même d’absorber l’explosion démographique africaine », a souligné de son côté le président du Parlement européen Antonio Tajani.

Les vingt-huit pays de l’UE étaient représentés à cette conférence, qui a réuni treize chefs d’Etat ou de gouvernement européens et les responsables politiques de vingt-cinq pays d’Afrique. Quelque 800 entrepreneurs des deux continents étaient également conviés à Vienne pour cet événement organisé dans le cadre de la présidence autrichienne de l’UE qui s’achève fin décembre.

« Pas de tabou »

L’Afrique a la plus forte croissance démographique au monde et d’ici à 2050 un habitant de la planète sur quatre sera africain, tandis que 50 % des Africains auront moins de 25 ans, ont rappelé les participants. Les Européens mettent l’accent sur le développement économique de l’Afrique alors que le flux de migrants en provenance de ce continent vers l’Europe est une question sensible dans les pays d’accueil.

« Il n’y a pas de tabou, il faut en discuter franchement. (…) La jeunesse africaine n’a pas pour vocation de quitter le continent africain », a lancé le Tchadien Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine. « Il faut s’appesantir sur les causes, (…) c’est d’abord la responsabilité de l’Afrique », a-t-il ajouté, en appelant également aux investisseurs car « ce n’est ni l’aide, ni la charité qui peut résoudre le problème de l’Afrique ».

En septembre, la Commission européenne avait proposé de bâtir « une nouvelle alliance » entre l’UE et le continent africain visant à y créer jusqu’à 10 millions d’emplois dans les cinq prochaines années. A cette fin, l’UE prévoit notamment de mobiliser 44 milliards d’euros d’investissements en Afrique d’ici à 2020, dont 37 milliards sont déjà planifiés, a indiqué mardi M. Juncker.