Hubert Reeves, à Paris, en 2016. / Edouard Caupeil

Le parrain de cette collection « Atlas du cosmos » est le plus célèbre des conteurs d’étoiles de la francophonie, Hubert Reeves. Depuis le début des années 1980, notamment avec ses livres Patience dans l’azur (Le Seuil, 1981) et Poussières d’étoiles (Le Seuil, 1984), le Québécois, né à Montréal en 1932, a répondu avec pédagogie, clarté et un brin de poésie aux grandes questions du public sur l’Univers en général et le destin cosmique des humains en particulier. Son humanité, son savoureux accent du Canada et son allure de patriarche ont complété la liste des ingrédients qui font un auteur à succès.

Ce goût pour le ciel, Hubert Reeves le fait remonter à son enfance, quand, à la nuit tombée, toute la famille sortait de sa maison près du lac, au Québec, pour regarder les étoiles et dessiner mentalement les constellations : « Mes parents, confiait-il à l’auteur de ces lignes, il y a quelques années, aimaient ce qui touchait aux sciences naturelles, et l’idée que je ferais des sciences m’est donc venue très tôt. » Après avoir opté pour la physique et fait des études à Montréal ainsi qu’aux Etats-Unis, le tout jeune chercheur plonge dans le feu stellaire et le passé de l’Univers.

Ainsi que l’explique l’astrophysicien Michel Cassé, dont il encadra la thèse au début des années 1970 et avec lequel il collabora longtemps au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA), Hubert Reeves « a travaillé sur la fusion thermonucléaire dans les étoiles et aussi sur la manière dont sont produits, dans le milieu interstellaire, trois éléments légers très particuliers, le lithium, le béryllium et le bore ».

Avec Jean Audouze, il montre que ces éléments sont créés lorsque des rayons cosmiques de haute énergie brisent des noyaux de carbone, d’oxygène ou d’azote. « C’est un article qui a marqué l’époque, souligne Michel Cassé. Hubert a une façon très pénétrante de réfléchir aux choses du ciel. Il n’est pas sophistiqué, ce n’est pas un dandy : il va vraiment droit au but sans s’encombrer de fioritures. »

La machine Reeves ne s’arrête plus

C’est en s’apercevant qu’il captive ses amis lorsque, en vacances, il leur parle d’astronomie, qu’Hubert Reeves prend conscience de son don de vulgarisateur et de conteur. Un talent qu’il dit hérité d’une grand-mère qui lui narrait des histoires sans fin à la veillée. Il lui faut cependant du temps avant que son premier ouvrage grand public, Patience dans l’azur, trouve un éditeur.

Mais, une fois lancée, la machine Reeves ne s’arrête plus. Les livres s’enchaînent, puis les conférences. Bien que la science ne soit pas une priorité du monde politique, le public est, lui, au rendez-vous, avide de comprendre d’où il vient, quels sont les liens généalogiques entre les étoiles et lui. Une médiatisation à laquelle le Québécois n’était pas préparé, mais qu’il apprivoise, de plateaux de télévision en studios de radio. Même s’il doit refuser des invitations, il a, à ce jour, donné plus de 2 500 conférences en France et dans le monde…

Depuis le début de ce millénaire, Hubert Reeves s’est aussi engagé dans la lutte environnementale, en succédant, en 2001, à Théodore Monod à la tête de la Ligue ROC pour la préservation de la faune sauvage. L’association porte désormais le nom d’Humanité et biodiversité, et il en est aujourd’hui le président d’honneur. « Dans sa maison de campagne à Malicorne [Yonne], je le voyais depuis longtemps s’intéresser de manière profonde aux plantes et aux oiseaux, qui comptent beaucoup pour lui », se remémore Michel Cassé. Lequel résume ainsi le parcours de son ami : « Après avoir écumé le ciel, il s’est passionné pour la Terre. »