A Carita, en Indonésie, le 27 décembre. / Achmad Ibrahim / AP

Moins d’une semaine après le tsunami qui a fait, selon un dernier recensement, plus de 430 morts et près de 1 500 blessés, les autorités indonésiennes ont élevé d’un cran, jeudi 27 décembre, le niveau de l’alerte au raz-de-marée. De nouvelles éruptions du volcan Anak Krakatoa restent en effet possibles, faisant craindre un deuxième tsunami. Plus de 150 personnes restent portées disparues, et le décompte continue. L’« alerte haute » a désormais été appliquée sur toute la zone. C’est l’avant-dernier des quatre niveaux d’alerte en vigueur dans l’archipel.

Il est désormais interdit à toute embarcation d’approcher à moins de 5 kilomètres du volcan, susceptible de cracher par intermittence des rochers brûlants, des cendres et d’autres débris résultant de son activité constante. « D’autres éruptions sont possibles », a martelé le porte-parole de l’Agence de gestion des catastrophes naturelles, Sutopo Purwo Nugroho. Quelque 22 000 personnes ont été évacuées et vivent dans des abris installés de part et d’autre du détroit de la Sonde, où le désastre s’est produit.

Carence en eau potable

Au plan matériel, 883 maisons ont été détruites, ainsi que 73 hôtels et villas, 60 magasins et boutiques, 434 bateaux et 41 véhicules.

Sur le terrain, alors que les secours et les équipes médicales poursuivent leurs efforts pour venir en aide aux victimes et récupérer les corps ensevelis çà et là dans les municipalités de l’ouest javanais et du sud de Sumatra, les services de santé commencent à s’inquiéter : une carence en eau potable et en médicaments se fait sentir dans les endroits les plus reculés où les grandes vagues, certaines hautes de près d’une dizaine de mètres, ont frappé le 22 décembre. Et les pluies torrentielles qui s’abattent sur la région ralentissent les secours.

La décision de reconsidérer à la hausse la dangerosité du volcan s’explique par le fait que, d’après les experts, l’une des causes principales du tsunami a été le brutal affaissement d’un flanc de la montagne dans la mer, provoqué par l’éruption. Le ministre des affaires maritimes Luhut Pandjaitan a déclaré jeudi que « le tsunami n’a pas été causé par un tremblement de terre mais par la chute [dans l’océan] d’une portion de 64 hectares de volcan ».

L’équipe d’enquêteurs formée par le gouvernement avait rendu dimanche ses premières conclusions, estimant elle aussi que cet affaissement avait été provoqué par « des secousses [liées à l’éruption] ainsi que par de fortes pluies », écrit jeudi le quotidien Djakarta Post. L’Agence de météorologie, de climatologie et de géophysique indonésienne avait auparavant annoncé que cet affaissement avait causé des vibrations équivalentes à un séisme relativement faible de 3,4 degrés sur l’échelle de Richter.

Les mises en garde des autorités n’ont pas rassuré une population traumatisée par le tsunami de samedi : il y a quelques jours, une rumeur a circulé sur la côte de l’ouest javanais, provoquant la fuite désordonnée des habitants vers les hauteurs. Certains avaient cru voir un tsunami déferler alors qu’il ne s’agissait que de fortes vagues provoquées par les grandes marées.

« Priez pour nous »

« Tout cela m’inquiète beaucoup », a réagi Ugi Sugiarti, cité par l’AFP. Ce cuisinier de la plage de Carita, l’une des plus touchées par le désastre, a précisé par téléphone qu’il était « déjà parti » de la zone. Sukma, gardien de villas de vacances, a renchéri : « Priez pour nous… »

Le triste anniversaire célébré le 26 décembre par la population d’Aceh, une province située plus au nord de Sumatra, est venu rappeler que la vulnérabilité de l’Indonésie ne date pas d’hier : il y a quatorze ans, au lendemain de Noël 2004, un tsunami provoqué par un séisme de 9,1 avait coûté la vie à 170 000 Indonésiens. La grande vague avait continué sa course plus au nord, sur les rivages de la Thaïlande, du Sri Lanka, de l’Inde et de la Birmanie. Le bilan s’était élevé à 220 000 morts dans toute l’Asie du Sud-Est.

L’année 2018 aura été désastreuse pour cet archipel de 17 000 îles situées sur la « ceinture de feu » de l’Asie-Pacifique : en août, plusieurs secousses ont secoué l’île touristique de Lombok, près de Bali, faisant 563 morts et un millier de blessés. En septembre, un séisme a ravagé la ville de Palu, à Sulawesi (ex-Célèbes) : le bilan s’élève à 2 200 morts et plus de 5 000 disparus.

La zone où le tsunami a frappé le 22 décembre fut le théâtre de l’une des plus grandes catastrophes enregistrées par la sismologie moderne : en 1880, le Krakatoa avait déjà explosé, faisant 36 000 morts. Au début du XXe siècle, un autre cratère naquit des cendres du premier, l’Anak Krakatoa, ou « fils » du Krakatoa. C’est celui-là qui est entré en éruption depuis l’été, provoquant la dernière catastrophe en date dans l’archipel.

Les images des dégâts après le tsunami en Indonésie
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