La multiplication des tentatives de traversée de la Manche par des migrants est « profondément inquiétante ». C’est ce qu’a déclaré la secrétaire d’Etat britannique à l’immigration, Caroline Nokes, jeudi 27 décembre, après que trente-quatre nouveaux migrants ont été secourus.

Les tentatives de traversée de la Manche se sont multipliées depuis octobre. « Le phénomène est en train d’exploser », s’étaient déjà alarmées, fin novembre, les autorités maritimes françaises. Or, cette traversée sur de petites embarcations, comme les canots pneumatiques utilisés par les migrants, est rendue particulièrement dangereuse par la densité du trafic maritime, les forts courants et la température glaciale de l’eau.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, onze migrants – dont cinq en état d’hypothermie –, ont été secourus au large de Calais à bord d’un bateau pneumatique, alors qu’ils tentaient de rejoindre l’Angleterre. Détectés par plusieurs navires de passagers ayant déclenché l’envoi d’un patrouilleur français, ils ont été pris en charge par les secours. Neuf autres sont parvenus à atteindre, à bord d’un canot pneumatique à moteur, la plage de Sandgate, dans le Kent (sud-est de l’Angleterre), où ils ont été interpellés par la police.

Les opérations de sauvetage se sont prolongées dans la matinée de jeudi. Vers 8 h 30 (GMT), six hommes iraniens ont atteint une plage de Douvres, également dans le Kent, à bord d’un bateau pneumatique, avant que la police des frontières ne les interpelle. Quinze minutes plus tard, la police des frontières a intercepté huit autres hommes iraniens au large de Douvres.

Organisations criminelles

Pour le seul jour de Noël, quarante personnes originaires d’Irak, d’Iran et d’Afghanistan ont été secourues au large du Pas-de-Calais alors qu’elles tentaient de rejoindre l’Angleterre à bord de cinq canots, selon le ministère de l’intérieur britannique. Un autre bateau transportant trois migrants a été intercepté le lendemain. Ces quarante-trois personnes, dont deux enfants, sont dorénavant au Royaume-Uni, « où ils sont pris en charge par les autorités ou les services de secours compétents », selon un porte-parole des garde-côtes britanniques. Seize autres migrants avaient également été secourus le 23 décembre.

« Une part [de ce trafic] est clairement facilitée par des groupes criminels, tandis que d’autres tentatives semblent opportunistes », a noté Caroline Nokes ce jeudi. « Nous entretenons des contacts étroits et continus avec les autorités françaises et les partenaires des autorités, notamment via le nouveau centre de coordination et d’information franco-britannique ouvert à Calais à la fin du mois dernier pour lutter contre la criminalité à la frontière », a-t-elle souligné.

En novembre, la capitaine Ingrid Parrot, porte-parole de la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord, basée à Cherbourg, avançait l’hypothèse d’un phénomène lié à la proximité du Brexit. « Avant qu’il y ait une frontière complètement fermée, on suppose que [les migrants] souhaitent à tout prix partir tant que le Brexit n’est pas effectif », avait-elle déclaré.