La traque aux mystérieuses ondes radio cosmiques porte ses fruits
La traque aux mystérieuses ondes radio cosmiques porte ses fruits
Depuis que leur existence a été mise en évidence, en 2007, les « sursauts radio rapides » intriguent les scientifiques. Loin de notre galaxie, ils émettent, en une milliseconde, autant d’énergie que le Soleil en dix mille ans.
La chasse aux « sursauts radio rapides », des flashs cosmiques dont l’origine restent toujours aussi mystérieuse, a porté ses fruits : des astronomes ont annoncé mercredi 9 janvier en avoir détecté plus d’une douzaine dont un qui se répète. Les « sursauts radio rapides » ou FRB (pour fast radio bursts, en anglais) sont de courtes impulsions d’ondes radio, très énergétiques mais aussi très brèves (ils ne durent que quelques millisecondes).
Depuis que leur existence a été mise en évidence, en 2007, ils intriguent les scientifiques. Le phénomène semble trouver son origine loin de la Voie lactée, notre galaxie, et ils émettent, en une milliseconde, autant d’énergie que le Soleil en dix mille ans. Mais leur raison d’être, la nature de la source, reste mystérieuse.
Les premiers sursauts détectés étaient tous des phénomènes ponctuels. Jusqu’à maintenant une soixantaine avait été détectée. La plupart des théories sur leur origine évoquaient donc des événements cataclysmiques se soldant par la destruction de leur source, comme l’explosion d’une étoile donnant une supernova, une fusion d’étoiles à neutrons…
1,5 milliard d’années-lumière de la Terre
Mais ces théories ont commencé à vaciller quand, en 2012, une succession de sursauts radio rapides avec la même origine a été enregistrée par le puissant radiotélescope d’Arecibo situé sur l’île de Porto Rico.
D’autres astronomes enfoncent aujourd’hui le clou en annonçant la détection d’une deuxième succession de sursauts. Ils semblent prendre leur origine à environ 1,5 milliard d’années-lumière de la Terre, provenant peut-être d’« un amas dense, comme un reste de supernova, ou encore d’un point situé près du trou noir central d’une galaxie », explique Cherry Ng, de l’Université de Toronto.
Pour les 50 scientifiques de la collaboration canadienne à l’origine de cette détection, qui fait l’objet de deux études publiées dans la revue britannique Nature, la découverte de cette deuxième succession de « sursauts radio rapides » permet de penser qu’il pourrait en exister d’autres.
« Sursauts »
A l’aide du radiotélescope Chime (acronyme de Canadian Hydrogen Intensity Mapping Experiment – Expérience canadienne de cartographie de l’intensité de l’hydrogène), situé en Colombie-Britannique, au Canada, et inauguré en 2017, les chercheurs ont également détectée 12 FRB ponctuels, le tout en seulement trois semaines d’observation et alors que le télescope ne fonctionnait pas à plein régime.
« Avec la cartographie quotidienne de l’hémisphère nord par Chime, nous allons sûrement trouver d’autres successions de sursauts au fil du temps », déclare dans un communiqué Ingrid Stairs, de l’Université de Colombie-Britannique. « A la fin de l’année, nous aurons peut-être trouvé 1 000 sursauts de plus », a ajouté Deborah Good, de la même université.
« Il n’est pas encore clair si les sources qui génèrent des FRB répétitifs sont différentes de celles qui ne semblent en générer qu’un seul. Il est possible que ce que nous pensons être aujourd’hui des FRB ponctuels ne se répètent que très rarement, mais qu’ils proviennent du même type de sources », avance Shriharsh Tendulkar, de l’université McGill, à Montréal, coauteur de l’étude.
Si l’origine de ses flashs d’ondes radioélectriques reste très mystérieuse, pour le chercheur il est « extrêmement improbable » qu’elles soient émises par des civilisations extraterrestres. Même s’il reconnaît qu’« en tant que scientifique, il ne peut pas l’exclure à 100 % ».