Theresa May à la Chambre des communes, à Londres, le 15 janvier. / HO / AFP

Elle a essuyé « la plus vaste défaite d’un gouvernement en exercice de l’histoire » britannique, résume la BBC après le rejet au Parlement britannique, mardi 15 janvier, de l’accord de Brexit de la première ministre Theresa May par 230 voix d’écart (432 ont voté contre, 202 pour). « Un coup dur pour Mme May, qui a passé plus de deux ans à élaborer un accord avec l’UE », commente sobrement la chaîne.

Les tabloïds, eux, prenaient moins de pincettes. « L’humiliante défaite de Theresa May sur le Brexit après deux ans à faire passer le parti conservateur en premier (…) laisse le Royaume-Uni face à un “no deal” [une sortie de l’Union européenne sans accord] catastrophique », fustigeait par exemple le Daily Mirror sur son site Internet.

« Echec » de la stratégie de May de report du vote

Pour le Daily Mail, « l’ampleur » du revers « a mis en évidence l’échec » de l’opération de coercition espérée avec le report vote, initialement prévu en décembre, « car l’étendue de la rébellion semble avoir augmenté au cours du débat – au mépris des prédictions du gouvernement qu’il réduirait l’opposition ». « D’autres rebelles sont apparus pendant le délai d’un mois ordonné par Mme May (…) après qu’il soit devenu évident qu’elle allait perdre avant Noël. »

A peine le résultat connu, mardi, le chef de l’opposition travailliste Jeremy Corbyn a présenté une motion de censure contre le gouvernement conservateur. Selon la BBC, le vote devrait se tenir vers 19 heures locales mercredi (20 heures, heure de Paris), et l’initiative « pourrait déclencher des législatives anticipées ».

Le cas échéant, celles-ci devraient avoir lieu quelques semaines avant Brexit, précise The Sun. Mais le tabloïd ne croit pas à cette hypothèse : « Mme May est susceptible de remporter le vote de confiance de demain après que le DUP [un petit parti unioniste nord-irlandais, dont le soutien est indispensable à Mme May pour conserver une majorité absolue au Parlement] a confirmé qu’il continuera à la soutenir en tant que première ministre malgré son opposition à sa stratégie Brexit. »

« Peu de temps pour reprendre son élan »

Et après ? Si May survit à la motion de censure, pourra-t-elle « continuer à se battre malgré le rejet de Brexit ? », interroge le Financial Times, expliquant que la première ministre, qui doit faire une déclaration lundi 21 janvier sur un nouveau plan d’action, « a peu de temps pour reprendre son élan ».

Pour le quotidien, la cheffe du gouvernement pourrait entreprendre trois grandes démarches, « chacune avec difficulté ». « Premièrement, elle peut essayer de persuader l’UE de revoir l’accord de retrait (…) mais il est loin d’être clair que [les Vingt-Sept seront] d’accord sur ce point », explique le journal économique.

Deuxièmement, « Mme May a fait savoir qu’elle s’adresserait aux députés de l’opposition pour trouver une approche consensuelle. Certains ministres [l’]exhortent à accepter une union douanière permanente avec l’UE – une initiative soutenue par le Parti travailliste – pour mettre fin à l’impasse au Parlement (…). Mais cela contraindrait le Royaume-Uni à conclure des accords commerciaux avec des pays extérieurs à l’UE ».

Troisièmement, elle « peut essayer de convaincre les conservateurs eurosceptiques en s’engageant à quitter Downing Street dès que la Royaume-Uni aura quitté l’UE », leur laissant l’opportunité à l’un des leurs de « façonner les relations futures avec l’UE ».

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