La Cour pénale international (CPI) à La Haye, le 16 janvier. / Peter Dejong / AP

La Cour pénale internationale (CPI) a suspendu dans la soirée du mercredi 16 janvier la remise en liberté de l’ancien président ivoirien Laurent Gbagbo, après un nouvel appel déposé par le procureur.

Les juges avaient ordonné plus tôt sa remise en liberté, ainsi que celle de son bras droit Charles Blé Goudé (ex-chef du mouvement des Jeunes patriotes), au lendemain de leur acquittement d’accusations de crimes contre l’humanité.

Mais, les deux hommes doivent maintenant « rester sous la garde de la CPI » jusqu’à ce que l’appel du parquet soit entendu.

Premier ancien chef d’Etat remis à la CPI

En détention depuis plus de sept ans, Laurent Gbagbo était jugé pour des crimes commis pendant la crise de 2010-2011, née de son refus de céder le pouvoir à son rival, l’actuel président ivoirien Alassane Ouattara.

Il avait finalement été arrêté en avril 2011 par les forces du président Ouattara, soutenues par l’ONU et la France. Il est le premier ancien chef d’Etat à avoir été remis à la CPI.

Laurent Gbagbo et Charles Blé Goudé étaient accusés de quatre chefs de crimes contre l’humanité : meurtres, viols, persécutions et autres actes inhumains, pour lesquels ils ont toujours plaidé non coupable.

La plupart des tentatives de la Cour de juger des personnalités politiques de haut rang – presque toutes en Afrique – se sont soldées par des échecs ou des acquittements.

« Le plan est de retourner en Côte d’Ivoire »

L’annonce de l’acquittement de M. Gbagbo, mardi, avait provoqué des scènes de liesse chez ses partisans en Côte d’Ivoire mais aussi un appel des autorités à « garder de la compassion pour les victimes » et suscité des critiques de la CPI qui subit un nouveau camouflet.

« Nous n’avons pas encore été autorisés à lui parler parce que je pense que la paperasse est en cours de traitement. Mais nous supposons que le plan est de retourner en Côte d’Ivoire », a déclaré, mercredi, Marie Laurence, la fille de Laurent Gbagbo.

En Côte d’Ivoire, M. Gbagbo est toujours sous le coup d’une condamnation de 20 ans qui date de janvier 2018 pour crimes économiques. Il est cependant peu probable que la police ivoirienne tente de l’arrêter s’il retourne dans le pays.

« La décision de revenir » en Côte d’Ivoire « lui appartient », a annoncé mercredi le gouvernement ivoirien après avoir appelé dans la journée « l’ensemble des populations au calme, au pardon et à la réconciliation ».