L’entrée de la communauté de la Sainte-Croix de Riaumont, à Lievin (Pas-de-Calais), en mai 2018. / DENIS CHARLET / AFP

Quatre religieux de la communauté traditionaliste de Riaumont, à Liévin (Pas-de-Calais), ont été mis en examen jeudi 17 janvier pour « violences légères » sur mineurs par personne ayant autorité, a annoncé leur avocat, Me Eric Morain.

A l’issue de leur garde à vue, les quatre religieux – dont deux prêtres – sont ressortis libres et ont été placés sous contrôle judiciairej a précisé Me Morain, en ajoutant qu’« aucun fait de nature sexuelle » ne leur était reproché. Un cinquième religieux a également été placé en garde à vue dans le sud de la France.

Des enfants « en très grande difficulté »

Les faits concernent 10 enfants « sur plus de 250 entendus », sur une période allant de 2007 à 2014. « Ils sont pour la plupart très anciens et, si toutefois ils étaient avérés, ne reflètent en aucune manière les méthodes éducatives et la pédagogie en vigueur aujourd’hui au Village d’enfants de Riaumont », a assuré Me Morain.

Selon lui, la quasi-totalité des enfants concernés sont « en très grande difficulté (…) à la fois sociale et scolaire », et Riaumont est « souvent considéré comme “l’école de la dernière chance” ». Ils ne supporteraient « ni l’autorité ni l’éloignement avec leurs parents », selon l’avocat, qui a insisté sur « l’implication constante des religieux et laïcs au service des enfants, aboutissant pour nombre d’entre eux à les sauver d’un passage délinquant ou à sombrer dans la marginalité ».

La communauté de la Sainte-Croix de Riaumont, qui lutte contre « les idéologies antichrétiennes et antimorale », ne faisait guère parler d’elle jusqu’à la révélation au début de mai 2018 de plusieurs enquêtes de grande ampleur pour agressions sexuelles et maltraitance. Plus de 200 témoins et victimes ont été auditionnés par la police dans plusieurs pays depuis 2013, pour des faits remontant aux années 1990 et 2000. L’ancien prieur a notamment été mis en examen pour détention d’images pédopornographiques.

« Rejet absolu de toute médiocrité »

Fondé par le père Albert Revet vers 1960, l’institut comprend une école hors contrat qui dispense des cours de la 6e à la 3e, encadrés par des bénédictins célébrant la messe en latin. La propriété abrite en outre un groupe scout traditionaliste et un centre de documentation baptisé « laboratoire scout ».

Cet ordre de droit pontifical relève directement de la commission romaine Ecclesia Dei, qui a autorité sur les communautés traditionalistes restées dans le giron de Rome. Dans le village d’enfants, les religieux accueillent une trentaine de garçons. On y prône le « rejet absolu de toute médiocrité, compromission et bavardages stériles ».