Grace Meng, épouse de l’ex-patron chinois d’Interpol, demande l’asile en France
Grace Meng, épouse de l’ex-patron chinois d’Interpol, demande l’asile en France
Le Monde.fr avec AFP
Meng Hongwei, accusé de corruption en Chine, a disparu depuis sa démission soudaine de l’organisation policière basée à Lyon, par courrier, au mois d’octobre.
Grace Meng, de dos face à des journalistes, le 7 octobre 2018 à Lyon. / JEFF PACHOUD / AFP
Grace Meng, épouse de Meng Hongwei, l’ex-président de l’organisation policière Interpol accusé de corruption en Chine, a demandé l’asile en France, selon son avocat français Emmanuel Marsigny, interrogé par Reuters, confirmant une information révélée, vendredi 18 janvier, par Radio France et Libération.
Meng Hongwei a disparu fin septembre, à son retour dans son pays, et démissionné de la tête de l’organisation policière par courrier le 7 octobre, après l’annonce par Pékin qu’il était placé sous enquête notamment pour avoir « accepté des pots-de-vin ». Son épouse, Grace Meng, restée à Lyon où se trouve le siège d’Interpol, assure aujourd’hui avoir besoin que le gouvernement français lui vienne en aide et raconte avoir été victime d’une « tentative de kidnapping ».
Elle explique notamment avoir reçu chez elle, début octobre, deux hommes d’affaires chinois qui lui ont demandé de les accompagner en République tchèque en jet privé.
« Je leur ai dit que, avec mon mari, nous ne voyagions jamais dans des avions privés et que je connaissais mal la République tchèque », raconte-t-elle. « Ce qui est très bizarre, c’est qu’ils sont revenus deux jours après » pour « proposer de m’emmener faire un tour dans les villes d’Europe. J’ai dit que je n’avais pas le temps ».
Accusation de « persécution politique »
« Après la tentative de kidnapping, j’ai prévenu la police, qui m’a mise sous protection avec mes jumeaux de 7 ans », a encore indiqué Mme Meng. Elle a précisé qu’elle devait se rendre vendredi dans les locaux de l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra).
En octobre dernier, Grace Meng avait déjà déclaré craindre pour sa propre sécurité et accusé le gouvernement chinois de « persécution politique » lors d’un entretien avec la chaîne britannique BBC. La Commission nationale de supervision chinoise, qui enquête sur le dossier de M. Meng, peut garder des suspects au secret pendant six mois, sans prévenir leur famille ni leur donner accès à un avocat.
Les proches de responsables déchus sont en général empêchés de s’exprimer par les autorités chinoises. Les propos de Grace Meng aux médias sont donc inhabituels et représentent sans aucun doute une source d’embarras pour Pékin. L’élection de Meng Hongwei à la tête d’Interpol fin 2016 avait été vécue comme une victoire pour la Chine, en dépit des inquiétudes que cela avait fait naître parmi les défenseurs des droits de l’homme. Il a été remplacé en novembre par le Sud-Coréen Kim Jong-yang.
A quoi sert Interpol ?
Interpol est une organisation internationale visant à prévenir et à combattre la criminalité et le terrorisme. Elle permet à ses cent quatre-vingt-douze pays membres de transmettre, d’échanger et de consulter des informations policières, même s’il n’existe aucune relation diplomatique entre eux. Son président est élu par l’assemblée générale, composée de délégués désignés par chaque pays membre, pour un mandat de quatre ans.
Créée en 1923 à Vienne sous le nom de « Commission internationale de police criminelle« (CIPC), elle passe sous le contrôle de l’Allemagne nazie en 1938 à la suite de l’annexion de l’Autriche. La plupart des pays mettent alors fin à leur participation, et la CIPC cesse d’exister en tant qu’organisation internationale. Elle ne renaît qu’au lendemain de la deuxième guerre mondiale, en 1946, sous le nom d’« Interpol », dont le siège est en France.
Politiquement neutre, elle n’a pas le droit d’intervenir dans les affaires ne concernant qu’un pays membre. Ses activités concernent le trafic et la production de drogue, le terrorisme, le blanchiment d’argent, le crime organisé et la criminalité transnationale.