Des échauffourées ont eu lieu entre policiers et une trentaine de jeunes encagoulés, qui ont réussi à s’infiltrer dans la manifestation et jeté des projectiles contre les forces de l’ordre en tentant de forcer la clôture du Parlement. / ARIS MESSINIS / AFP

Plusieurs dizaines de milliers de Grecs – entre 60 000 et 100 000 personnes – ont manifesté, dimanche 20 janvier, dans le centre d’Athènes contre l’accord conclu avec Skopje sur la question de la Macédoine.

Des échauffourées ont eu lieu entre policiers et une trentaine de jeunes encagoulés, qui ont réussi à s’infiltrer dans la manifestation et jeté des projectiles contre les forces de l’ordre en tentant de forcer la clôture du Parlement. Les forces anti-émeutes ont riposté en lançant des gaz lacrymogènes, ce qui a provoqué la dispersion de nombreux manifestants, qui suffoquaient dans les fumées.

Dix policiers ont été blessés tandis que deux manifestants ont été hospitalisés pour des troubles respiratoires, selon le centre de premiers soins. Le groupe de casseurs s’en est ensuite pris à des photographes et cameramen dont ils ont cassé le matériel. Un journaliste s’est rendu à l’hôpital pour recevoir des soins après avoir été agressé par des membres du parti néonazi Aube dorée.

« Les incidents ont été provoqués par des extrémistes, des membres d’Aube dorée, qui ont tenté d’entrer dans le Parlement. Ils ont attaqué des policiers avec des morceaux de bois et des matraques, envoyant des dizaines de blessés à l’hôpital », indiquent les services du premier ministre Alexis Tsipras dans un communiqué.

A l’appel surtout du « comité de lutte pour la grécité de la Macédoine », 326 autocars selon la police, en provenance de tout le pays, et plus spécialement du nord de la Grèce, ont déversé des milliers de manifestants à Athènes.

Le centre de la capitale a été fermé à la circulation pendant presque toute la journée ainsi que les stations de métro proches de Syntagma, théâtre fréquent des grands rassemblements, devant le Parlement grec qui doit voter en fin de semaine sur l’accord controversé.

Tensions au sein de la coalition gouvernementale d’Alexis Tsipras

L’accord de Prespès sur le nouveau nom de la Macédoine, signé entre Athènes et Skopje en juin, vise à mettre fin à un litige de près de trente ans entre les deux pays voisins en rebaptisant ce petit pays balkanique « République de Macédoine du Nord ». Ratifié il y a dix jours par le Parlement macédonien, cet accord sera débattu cette semaine au Parlement grec avant un vote crucial d’ici à la fin de la semaine.

L’accord a entraîné dimanche 13 janvier la démission du ministre de la défense Panos Kammenos et la défection de certains membres de son parti, les Grecs indépendants (droite), qui appartenaient jusqu’alors à la coalition gouvernementale conduite par Alexis Tsipras.

Officiellement, les partis d’opposition au gouvernement d’Alexis Tsipras (la droite et les socialistes), qui sont contre l’accord, ne participent pas à cette manifestation mais ont indiqué que chacun pouvait y venir à titre personnel. Certains députés de la droite Nouvelle-Démocratie, ont toutefois participé ainsi que l’ancien Premier ministre conservateur Antonis Samaras (2012-2015). Le parti néonazi Aube dorée avait appelé sur son site officiel à manifester.