Piku et Niku sont deux petits haricots aux longues jambes. Peu bavards, peu habiles de leurs mains (qu’ils n’ont pas), ils se débrouillent du mieux qu’ils peuvent, en distribuant coups de pieds et en bondissant sur leurs guiboles élastiques.

Pikuniku, c’est aussi le nom de ce jeu qui sortira sur PC et Switch jeudi 24 janvier. Un jeu totalement européen puisque développé entre Londres et Paris, mais dont le nom très japonais (jusque dans son sous-titre, ピクニック, qui entretient davantage la confusion) évoque pique-niques à la campagne, balades champêtres et flâneries dominicales.

Il y a de tout ça dans Pikuniku, jeu solaire, un brin naïf, parfois à deux doigts de se faire passer pour idiot. Un petit monde idyllique fait de personnages en forme de feuilles, de gros bonhommes qui cultivent du maïs, de vers de terre qui perdent leurs clés. Mais un petit monde idyllique que vient perturber le patron de Sunshine Inc.

L’industriel, qui, il faut bien dire ce qui est, ressemble à une sorte de scrotum chapoté, promet à toutes ces sympathiques bestioles de « l’argent gratuit » (plus tard, la charitable bouboule rose proposera même sur cet argent gratuit une généreuse réduction de 50 %). En échange, il ne demande qu’un service, trois fois rien : qu’on laisse ses armées de gros robots récolter toute la nourriture, le bois et l’eau de l’île.

« Pikuniku » met en scène des personnages sans bras. / Devolver Digital

Coups de pieds taquins

Commence alors le périple de notre sympathique héros Piku (son comparse Niku, on ne pourra l’incarner que dans un mode « coopératif » jouable à deux, dans lequel il faut résoudre une série d’énigmes).

Jeu de plate-forme ? Effectivement, pas de doute, on saute de fleur en fleur, on rebondit sur des champignons, on cherche à atteindre des branches inaccessibles.

Jeu d’aventure ? Un peu aussi : Piku doit filer des coups de main aux habitants de l’île pour se voir confier des objets, des clés, ou des chapeaux aux propriétés uniques qui lui permettront d’accéder à de nouvelles zones.

Les champs, le village dans les arbres et la mine : l’île est découpée en trois zones principales. / Devolver Digital

Une blague ? Totalement. Pikuniku regorge de situations humoristiques et de dialogues joyeusement débiles. La façon même dont se déplace, saute et choit le personnage principal, sorte de sauterelle gélatineuse, est déjà une raison de rire. Idem pour les autres personnages, qui rebondissent au gré des coups de pieds taquins du héros, se poussent mutuellement, chutent et reviennent à leur place comme si de rien n’était.

C’est un jeu plein de secrets aussi, de clins d’œil, de raisons de revenir en arrière pour essayer une cartouche de jeu vidéo trouvée sous terre ou disputer un match de basket contre une sorte de chenille.

Ecole japonaise

Notre vaillant héros, ici le crâne nu, peut enfiler des chapeaux qui lui donneront des pouvoirs uniques. / Devolver Digital

Mais Pikuniku n’est pas là juste pour rigoler. Assez largement écolo, flattant les doux rêveurs, égratignant les puissants et leurs appétits autodestructeurs, il distille un esprit un peu grinçant tout à fait rafraîchissant.

Et si on dit que Pikuniku n’est pas une simple pochade, c’est aussi parce qu’il n’oublie pas d’être un vrai jeu vidéo. Il faut dire qu’il s’inspire de l’école du jeu vidéo japonais – la meilleure diront certains. Ce n’est pas un hasard si Pikuniku, jeu franco-anglais donc, revendique jusque dans son nom cette ascendance, ou du moins, des accointances philosophiques.

On y retrouve ici, outre une folie douce indiscutablement kawaï, une précision dans les mécaniques qui évoque de productions nippones comme Patapon ou LocoRoco. Une autre influence transparaît de partout, de la délicieuse bande-son au nom de la méchante organisation responsable de tous nos tracas, Sunshine Inc. : celle de Super Mario Sunshine, et à travers elle, de Nintendo, le plus international des développeurs japonais.

Pikuniku c’est tout cela à la fois, et au final, l’impression de jouer à une sorte de dessin animé interactif et coloré, quelque chose qui convoquerait l’esprit enfantin du très culte Adventure Time.

En bref

On a aimé :

  • l’univers graphique rond et coloré,
  • les sauts débiles à souhait,
  • les dialogues joyeusement idiots.

On n’a pas aimé :

  • peut-être un peu court pour son prix (10 euros et des poussières), et encore, très franchement, c’est à vous de voir.

C’est plutôt pour vous si…

  • vous avez l’âme d’un enfant,
  • vous avez l’humour d’un enfant,
  • vous êtes un enfant.

Ce n’est plutôt pas pour vous si…

  • vous n’êtes pas encore un enfant mais encore un tout petit bébé, auquel cas félicitations, vous êtes le plus jeune lecteur du Monde.

La note de Pixels :

2 jambes/2.