La télévision résiste à l’essor de la vidéo à la demande
La télévision résiste à l’essor de la vidéo à la demande
Par Alexandre Berteau
Malgré une très forte progression de la SVOD en France, le nombre de téléspectateurs reste stable.
Au Consumer Electronics Show de Las Vegas, en janvier 2016 / ROBYN BECK / AFP
Les Français sont encore loin de délaisser la télévision pour les services de vidéo à la demande par abonnement (SVOD). Pour preuve, ils sont chaque jour 44 millions à regarder la télévision en direct ou en différé, un chiffre stable sur un an, selon l’institut Médiamétrie, qui présentait, mercredi 23 janvier, sa photographie annuelle du secteur. Le petit écran occupe toujours une place centrale dans le quotidien des Français : que ce soit sur leur téléviseur, ordinateur, smartphone ou tablette, ils passent chaque jour trois heures et quarante-six minutes devant des programmes télévisés.
La concurrence des services de SVOD, comme Netflix, Amazon Prime Video, OCS (propriété d’Orange) ou SFR Play est pourtant, chaque année, un peu plus rude. « En un an, la consommation de SVOD en France a quasiment doublé, indique Julien Rosanvallon, directeur des départements télévision et Internet de Médiamétrie. Chaque jour, 4,6 millions de Français regardent un programme sur ces plates-formes. »
La télévision a toutefois plusieurs atouts à faire valoir. A l’inverse du petit écran, qui touche un large public, le streaming payant séduit surtout une population jeune et souvent urbaine. Ainsi, alors que la vidéo à la demande pèse 15 % dans la consommation des 15-24 ans, ce chiffre atteint seulement 4 % pour l’ensemble de la population.
La SVOD limitée à la fiction
La résistance du petit écran face à l’essor de la SVOD s’explique aussi par la diversité des programmes télévisés. Les catalogues des plates-formes sont surtout constitués de fiction, « or, les Français regardent avant tout la télévision pour du divertissement, de l’information ou du sport, souligne M. Rosanvallon. Ce n’est donc pas parce que l’on s’abonne à ces services que l’on arrête de regarder la télévision. »
Selon l’analyste, les opérateurs n’ont, pour l’instant, pas vocation à rivaliser avec les chaînes de télévision dans ces domaines. Alors que le groupe espagnol Mediapro a raflé, en mai 2018, les droits de diffusion de la Ligue 1 pour plus de 1 milliard d’euros par an, M. Rosanvallon « imagine mal les offres de SVOD proposer ces grandes compétitions en gardant des tarifs très compétitifs ». Quant au divertissement, « cela supposerait pour Netflix et les autres de produire du contenu local, en Français », ce que ces plates-formes n’ont pas l’intention de faire à ce jour.
En juin 2018, Amazon Prime s’est toutefois offert une partie des matchs de football de la Premier League britannique pour les trois prochaines années. Le PDG de Netflix, Reed Hastings, a pour sa part affirmé vouloir se concentrer sur les films et les séries. « On ne fait pas d’information en direct, on ne fait pas de sport en direct. Mais, ce qu’on fait, on essaie de le faire vraiment bien », a-t-il expliqué, en mars 2018, lors d’une conférence de presse.